DEVELOPPEMENT DE SAVENNIERES

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A VOIR : LA POSSONNIERE- ÉPIRÉ - LA ROCHE-AUX-MOINES - BÉHUARD - LES LOMBARDIERESDIAPORAMA

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Comment expliquer la croissance très précoce de Savennières située en dehors des voies de communication terrestres importantes, comme la voie romaine vers Nantes, dans une région limitée au nord par de profondes forêts, si ce n’est en grande partie en raison d’un passage probable de la Loire vers Rochefort. Plusieurs éléments militent en faveur de l’hypothèse d’un point de traverse de la Loire. Tout d’abord l’existence d’une Guerche y est d’autant plus justifiée qu’elle contrôlerait non seulement le trafic fluvial mais encore la traversée de la Loire. En second lieu, le toponyme.

Les-Forges existe au XIe siècle. Le terme employé n’est pas équivoque et si les textes n’en mentionnent pas l’existence d’un centre de métallurgie, le toponyme en apporte la preuve. Or les mines de fer existent dans la faille du Layon, située à quelques milliers de mètres de la rive sud de la Loire. Le transport du minerai implique l’existence d’un moyen de traversée facilement utilisable. Le fractionnement du lit de la Loire et l’existence de nombreuses îles sont des éléments favorables à la création de modes de traversée alternant les passages terrestres et fluviaux. Ceux-ci se présentant comme plus court et donc moins dangereux.

Le lit de la Loire fractionné entraîne une moindre profondeur et l’utilisation plus aisée de gué. Le toponyme « Gué romain », et l’existence d’un pavage entre Béhuard et la Grande Ile de Chalonnes au travers du bras des Lombardières incitent à considérer comme probable l’existence de ce moyen de traverser de la Loire. Rien ne permet de conclure à l’existence de ce gué à la période gallo-romaine, mais son utilisation au haut Moyen Âge paraît probable.

La création de ponts à la fin du Moyen Âge et à la période Moderne expliquant à contrario la stagnation de Savennières par la disparition de son rôle de liaison nord-sud. Enfin l’existence quasi contemporaine au développement de Savennières avant le IXe siècle du burgus et du castrum de Rochefort sur la rive sud de la Loire ne s’expliquent guère sans la présence d’un trafic non seulement fluvial est-ouest, mais aussi nord-sud. La croissance de Savennières ne saurait découler de la culture de la saponaire.

Ce végétal, qui donna naissance au toponyme de Savennières, était employé pour fabriquer du savon. Elle se développe à l’état sauvage de façon extrêmement commune notamment dans les zones humides comme la vallée de la Loire. La saponaire est si répandue que sa culture et sa transformation ne saurait justifier une croissance telle qu’une église en pierres ait pu être édifiée si précocement à Savennières.

La-Possonnière qui était incluse dans la paroisse de Savennières, voit s’installer les moines de Saint-Serge à partir de la première moitié du XIIe siècle. L’église qui avait été établie par le seigneur laïc va être desservie par les moines

Savennières au Moyen Age

Le Moyen Age central laisse peu de sources. Elles sont en général difficiles à recouper tant elles sont rares et tournées presque exclusivement vers la propriété des biens immeubles. Ce qui ressort de la doctrine religieuse ne fait que rarement l'objet de traces. En effet le christianisme est le fondement de la société : en dehors de lui, il y a une mort sociale et le ou les intéressés sont exclus de la communauté humaine.

Il n'est donc plus besoin de le mentionner. Ainsi en est-il des schismatiques ou hérétiques poursuivis en tant que tels et très rarement nommés. Les sources disponibles sont les sources écrites, les recherches de l'archéologie, la toponymie et le paysage.

Les sources écrites

Proviennent toutes de la même origine : des clercs et en majorité des moines. Elles sont donc partielles et partiales. Il faut les traiter avec discernement et critique tant elles sont imprécises et quelquefois fausses. Les moines n'hésitent pas devant la fabrication de notices antidatées, l'insertion d'interpolations ou les listes de témoins peu fiables. Mais un faux ne signifie pas que les évènements rapportés soient imaginaires.

Il existe des "faux-vrai" comme des "faux-faux". Les cartulaires angevins sont particulièrement riches ; ils proviennent des grandes abbayes bénédictines d'Angers et de celui de la cathédrale. Pour Savennières, il faut y adjoindre une oeuvre importante pour le haut Moyen Age : la Chronique de Nantes dans l'édition de René Merlet, Paris, 1869.

Nous avons recensé 39 textes d'importance variable qui concernent directement ou indirectement ce village pour la période antérieure au milieu du XII° siècle (dont 6 pour l'ancien écart de La Possonnière). C'est un échantillon considérable comparé à Saint-Georges-sur-Loire qui n'a que 9 sur la même période. Par contre la petite et tardive paroisse de Saint-Martin-du-Fouilloux en compte 17. Il n'y a pas corrélation entre le corpus documentaire et l'importance de la documentation .

L'archéologie

Excepté pour les bâtiments importants, est largement aléatoire et doit être reliée aux grands travaux d'infrastructures qui seuls permettent des découvertes plus ou moins fortuites : à Savennières, l'église paroissiale a été datée par Jacques Mallet et Daniel Prigent comme comportant des éléments antérieurs à l'an Mil. Des sarcophages ont été mis au jour et dateraient des VI-VII° siècles (D. Prigent).

Il est intéressant de noter que ces derniers semblent avoir formé une nécropole pas très éloignée de l'église mais en dehors de ce qui devient le cimetière.

Un paysage favorable aux échanges

La paroisse de Savennières, comme le territoire de Bouchemaine, se caractérise par une longue façade étroite en bordure de rivière et par une limite incertaine vers le nord en direction des forêts des Echats et de Folliosus. Elle est limitée à l'Est probablement par le vallon où se situe actuellement la côte, dite des Forges, séparation avec la paroisse d'Epiré, ancienne villa gallo-romaine.

A l'Ouest, vers le prieuré de La Possonnière, la limite, telle qu'elle apparaît sur le cadastre ancien, semble s'être située au niveau de la limite actuelle entre Saint-Georges-sur-Loire et La Possonnière. Cette façade ligérienne importante comportait trois villages : Savennières, La Possonnière et l'Alleud.

La vallée

Au niveau de Savennières ,elle est très large, divisée en de nombreux bras ou boires. Le lit majeur de la Loire n'y est pas très différent sur le plan de la largeur au lit mineur. Les coteaux qui dominent la Loire affleurent la rive et mettent à l'abri des crues le village ; de sorte que l'on peut l'approcher, y mouiller, et s'arrêter pratiquement en toutes saisons. Le bras pratiquement bouché qui longe la voie ferrée était toujours utilisé au XIX° siècle comme le relève le déménagement de la famille Pirie à Varennes .

La division en de nombreux bras facilite la navigation en offrant un choix de passage entre les divers itinéraires selon le courant et de nombreux mouillages abrités. La division en bras offre deux autres avantages sur lesquels nous reviendrons : la facilité d'installer des viviers dont l'exhaure est appelé "écluse" dans les textes.

Certes, c'est une certaine entrave à la navigation mais elle est limitée. Le second avantage est la possibilité de la traversée de la Loire, vers Rochefort, en utilisant lors de l'étiage d'été, le passage à gué. Il existait encore, il y a quelques années, une marque de gué juste en amont du pont de Béhuard vers Rochefort, appelé le gué romain (ce n'est pas une preuve d'utilisation gallo-romaine).  RomainesAu niveau de La Possonnière et de l'Alleud, la vallée s'élargit, les coteaux sont plus éloignés du lit mineur, déterminant une assez grande zone de prairies inondables.

Ces dernières, fertilisées par l'apport du limon des crues, sont peu densément peuplées comme en témoigne la faible densité des toponymes. Il en découle que ces écarts sont peu tournés vers l'économie fluviale. On peut légitimement penser que l'élevage extensif trouvait une certaine place dans ces prairies, avec l'élevage le plus courant, celui des porcs .

La rive droite de la Loire est la plus fréquentée car elle est la plus exposée aux vents dominants de sud-ouest à ouest. La navigation fluviale est au Moyen Age central la voie de communication la plus rapide et la plus économique. Elle mène rapidement vers Angers et vers Nantes, deux pôles importants de l'économie et de la population régionale. Il n'existe aucune voie romaine avérée sur le territoire de la paroisse ; celle entre Angers et Nantes passait beaucoup plus au nord, en bordure de la forêt de Bécon, notamment sur l'actuelle "Charrière Pavée". Les voies romaines sont toujours utilisées à cette époque, mais sont mal entretenues et, pour Savennières, situées de l'autre côté des forêts.

Ceci n'est pas exclusif de l'existence de chemins haut-médiévaux dont certains suivent peu ou prou le cours de la Loire sur les coteaux toujours à l'abri des crues. Il n'existe pas de turcies aux alentours du village.

L'Eglise

voir Religieux

Une conquête de l'espace modérée

Les toponymes en "ière" et "erie" sont, en général, significatifs des défrichements de la fin du XI° siècle et du tout début du XII° siècle. Ceux en "ais" sont généralement datables de la fin du XII° siècle. Pour Savennières, ces taux sont respectivement de 24 % et de 6 %. Ils sont comparables à ceux des paroisses ligériennes. On doit considérer que le défrichement s'est fait assez rapidement, rejetant les paroisses créées dans les grandes forêts comtales qui marquaient l'ouest d'Angers, comme les Echats, Communalis, le Fouilloux ou encore la forêt de Bécon ou de Linières. Dans ces créations, les taux dépassent les 33 % et les 30 % respectivement.

On doit en conclure que l'extension de l'ager (terres cultivées), à Savennières, ne dépasse pas le quart des surfaces. Encore faudrait-il en extraire les ilots déjà occupés par des foyers isolés qui sont rebaptisés lorsqu'ils rejoignent la communauté des paysans. La conquête de l'espace agraire se fait très modérément vers la Loire, dans les quelques îles qui sont proches du rivage comme celles de Béhuard.

Un texte nous apprend qu'un certain Buhart le Breton qui résidait dans son ile, en donne deux aux moines de Saint-Nicolas et des terres à La Bigotière ( ?). Mais ces extensions sont très limitées. L'effort de conquête va se dérouler au nord-ouest, vers les forêts, lieux d'incertitudes et refuges de toutes les peurs. En effet la limite vers Epiré, approximativement à l'actuelle Coulée-de-Serrant, est vite atteinte.

Il n'existe pas de toponyme de défrichement avant la zone forestière située à environ 2 km du village. A l'extrême sud-ouest de la paroisse ancienne, se trouve la majorité des toponymes en "ais". Certains sont à rapprocher des haies qui limitaient les exploitations seigneuriales par des espaces défensifs : haies et fossés difficiles à traverser à cheval. Les autres toponymes témoignent, qu'en l'absence de limites dites naturelles, l'équilibre des attirances entre les églises de Saint-Georges-sur-Loire et de Savennières ont été lentes à se dessiner. L'essentiel du défrichement se fait vers le nord-ouest, vers la limite de la paroisse de Saint-Martin-du-Fouilloux.

Il est probable que cette dernière soit une création du début du XII° siècle dont le territoire aurait été pris sur la zone incertaine des forêts et défrichée à partir des villages nouveaux de Saint-Martin, alors dit Saint-Martin-des-Bois et de Belle-Noue, co-création de l'évêque Ulger et de Matthieu Giraud partant pour la croisade vers 1125-1136 La forme même de la limite, des lignes à peine brisées, montre qu'elle ne suit pas le dessin de la propriété individuelle comme cela devient la règle à la fin du XII° siècle et au XIII siècle.

Elle est issue de l'équilibre des pouvoirs et des convenances. La réforme grégorienne insiste pour que la distance entre église et fidèles ne soit guère plus éloignée que d'une heure de marche, soit environ 5 km . Cette distance, nécessaire pour s'assurer de la présence aux offices et du contrôle aisé des habitants, est ici respectée.

L’arrêt des défrichements

Les paroisses en limite de rivières montrent un tassement très net de l’effort de défrichement, la surface de la paroisse étant déjà occupée. Bouchemaine possède 9% de toponymes en ais, Savennières 6%, La-Possonnière, future paroisse, 12%, Saint-Georges-sur-Loire 8%, et Saint-Germain-des-Prés 2%. Sur les rives de la Mayenne, Avrillé n’a que 7% de toponymes en ais, Montreuil Juigné Béné 9%, La Membrolle-sur-Longuenée et Le Plessis-Macé qui ne possèdent qu’une petite façade sur la Mayenne ont respectivement 18% et 12%, Pruillé 21%, mais une partie de la paroisse est sur la rive gauche de la Mayenne, Gré et Neuville 6% et Le-Lion-d’Angers 13%.

Il convient de remarquer que la fréquence des toponymes en ais croit avec l’éloignement de la ville d’Angers. Quant aux paroisses limitrophes de l’Oudon, Andigné avec 4%,La-Chapelle-sur-Oudon avec 11% et Segré avec 20%, mais surtout implantée dans la zone nord de la paroisse, c’est-à-dire dans la zone extérieure au doyenné de Candé.

Elles confirment l’appropriation par les hommes de la terre dès le début du XIIe siècle. Une des conséquences majeures de la stratégie des moines fut le complet défrichement du terroir à la fin du XIIe siècle. Grâce à celui-ci, les paroisses quadrillent étroitement ce territoire.

Comme on l’a vu, elles sont peu éloignées les unes des autres et les grandes paroisses carolingiennes ont été, comme Le-Lion-d’Angers ou Savennières, démembrées en plusieurs entités. L’implantation de prieurés, ou de prieurés-cures complète cet encadrement serré. Le relief peu accidenté a favorisé l’implantation de l’habitat, dont une partie reste dispersée.

Mais aucune partie n’est réellement inaccessible ou même difficile à joindre, si bien que la dispersion n’est pas un obstacle réel à un exercice du contrôle. Le respect de l’obligation d’assistance à l’office dominical et de la confession annuelle sont faciles à observer et faciles à contrôler

Un essor économique difficile à quantifier mais réel.

Les sources ne parlent que de la propriété foncière et de celle des consuetudines . Les fausses notices ne sont pas rares mais nous devons considérer qu'elles avaient pour les moines, leurs auteurs, une importance considérable. Ecrites pour servir de preuves dans un éventuel et proche litige, elles pouvaient relater des faits passés exacts, mais dont la mémoire écrite était perdue ou n'avait pas été transcrite. Il faut donc les considérer avec attention et prudence.

Sur les nombreuses notices, pas une ne s'écarte de ces deux problématiques. Aussi, il est nécessaire de s'aider des toponymes, des ressources du paysage et de quelques étymologies.

La saponaire qui donnait le savon n'est certainement pas le moteur de l'économie locale. Les mots de virus saponariae, Saponaire, que l'on voit apparaître dès le VII° s. dans la Unita maurillii, et dans la copie du XVII°, ne doit pas faire illusion. La saponaire est une plante commune des bords de Loire et on retrouve de nombreux toponymes issus de la même origine, comme Savonnières.

Le savon n'est d'ailleurs guère utilisé au Moyen Age. Si l'on s'essaye à classer les diverses notices nous obtenons le tableau suivant :

  • Terres arables : 12 dont les dons de deux "Fosses" c'est-à-dire des exploitations seigneuriales antérieures à l'an. mil. Une seule est nommée : la Fosse sur la Loire, possible actuel Fossés-Neufs. L'autre est seulement indiquée par sa proximité avec une villa.
  • Bois : 3
  • Vignes : 7 dont la majorité se trouvent aux Forges.
  • Eglise et cimetière : 5
  • Pêcheries, viviers et écluses : 7 et des moulins à construire qui sont cités deux fois.
  • Coutumes et divers droits : 9 et 3 dîmes
  • Iles : 3
  • Maisons 3
  • Manses : 5

Les coutumes et droits forment l'essentiel des dons rapportés : ils étaient lourds et contribuaient ainsi à l'appauvrissement des campagnes au profit des moines qui vivaient en ville. Ceux se rapportant à l'église, au cimetière et à la dîme étaient le résultat de la restitution des églises par les clercs, mais les notices restent muettes sur les dédommagements que les anciens propriétaires ont probablement reçus. C'est évident pour les dons ( ? ) du seigneur de La Possonnière.

RuzeboucL'espace de l'eau constitue un ensemble de ressources riches, tant le commerce du poisson et de la force motrice des moulins étaient sources de ventes et de travaux locaux. Les grands barrages sont établis sur la Loire, au titre du transfert du droit du ban. Que ce soit les viviers retenant les poissons, les barrages, ou les écluses, il s'agit de travaux fort lourds qui nécessitaient des moyens au-delà de ceux des simples habitants.

Seuls, les moines et les seigneurs riches pouvaient les entreprendre, mais ces derniers abandonnent rapidement la propriété foncière pour les revenus des coutumes, plus rapidement rémunérateurs et capables de les faire vivre dans la superbe, nécessaire au statut de la noblesse.

Le grand barrage de Ruzebouc entre la confluence Maine/Loire et la Pointe, donne une idée de la taille des ouvrages qui ont pu être réalisés. En donnant à l'abbaye Saint-Nicolas (peut-être un faux-vrai) le ductum aquae, Foulque-le-Réchin puis Foulque V joignent l'autorisation de construire des moulins .

Les ensembles constitués formaient une sorte d'entonnoir sur la Loire aboutissant à une sortie rétrécie, l'écluse sur laquelle étaient posés des filets à poissons et que devait emprunter la navigation, moyennant le paiement d'un droit de péage.

Les mariniers se plaignaient souvent de ces ouvrages qui entravaient la navigation, et que le courant rendait malaisée. Les moulins pouvaient se trouver en bordure de rivière comme le montrent les soubassements des moulins pendus à Champtoceaux, ou en sortie de barrage, pour profiter d'un maximum de courant. Dans ce dernier cas, il s'agissait plutôt de moulins montés sur bateaux, tant il était nécessaire de compter sur les variations du niveau de la Loire.

Les Vignes et terres

Forment la catégorie la plus souvent citée. Les manses forment un ensemble (maison et terres), habité par un foyer. Ce sont donc de petites entités. Les îles données, à l'exception de celle de Béhuard, sont petites comme le stipule le texte. Il est possible qu'elles servaient de pivot à des barrages ou à des moulins

La localisation des vignes,

Quant elle est donnée, concerne les Forges. Il n'est pas étonnant que cette partie du coteau de Savennières, toujours particulièrement prisée, ait été dans les premières zones à être cultivée en vignes, et ce dès la fin du XI° s. Aucune certitude ne saurait exister sur l'étendue de ces cultures. Mais elles étaient nécessaires aux moines comme vin de messe et, en raison de la proximité de la ville d'Angers, elles pouvaient alimenter le marché local sans trop de risques de détérioration dus à un plus long et plus durable transport.

Bien que les vignes soient présentes dans des localités beaucoup plus au nord pour palier les besoins locaux, la proximité de la ville était un atout essentiel. Ce travail enrichissait certes les moines propriétaires mais ses retombées économiques étaient sans doute sensibles pour les habitants de la paroisse.

Les Bois

Ne sont indiqués qu'accessoirement aux dons de terres, c'est le résultat d'un certain manque de considération pour ces terres de saltus. Par contre les terres, sans cultivées, sont nommées à onze reprises. Il convient d'y ajouter les divers biens qui en contenaient probablement. Les changements de la propriété de la terre sont donc relativement importants surtout s'ils portent sur des ensembles, comme les Fosses.

Les dons de terres s'accompagnent dans la plupart des cas de précisions sur les coutumes et droits conservés ou non par les donateurs.

La proto-industrie métallurgique n'est jamais citée.

Pourtant le toponyme "les Forges" autorise à croire à leur existence. Il n'est guère envisageable qu'ait été maintenu un tel mot en l'absence de tout travail de la métallurgie. Il y a d'ailleurs d'autres sites de métallurgie dans les environs comme le Pont Laitier à La Pointe. Le travail du fer ne concerne que très peu l'agriculture, mais il est utilisé dans la fabrication des armes. Quand les métiers sont indiqués, ce qui est extrêmement rare, on trouve des forgerons comme dans la région de Bouchemaine.

On doit s'interroger sur la pertinence d'une localisation de travail du fer aux Forges. Les mines de charbon de la faille du Layon sont exploitées depuis l'Antiquité ; la division du lit de la Loire favorisait la traversée et la proximité, au nord des "Forges" de forêts qui pouvaient fournir le bois, combustible nécessaire.

C'est donc à mi-chemin des deux approvisionnements que se situe "les Forges". Ce travail destiné à la noblesse, émergente ou non, aux milites, était sans doute rémunérateur tant le désir d'apparaître avec des armes travaillées était grand et servait le statut de celui qui les portait.

Pouvoirs, dominants, structures sociales

Les structures du Moyen Age qui vont durer en se modifiant peu sous l'Ancien Régime, s'interpénètrent, se concurrencent, mais ne s'excluent pas. Il s'agit d'un système complexe s'appuyant sur des coutumes qui grèvent largement les populations de dominés. Généralement et en raison de la localisation à Angers des grandes abbayes bénédictines, ces prélèvements profitent avant tout à la ville. La redistribution sur place est relativement faible. En essayant de classer ces diverses structures, et en allant de la plus générale à la plus particulière, il est possible de dresser le tableau succinct suivant, avant de s'essayer à en voir les conséquences sur Savennières.

La plus générale, celle qui s'impose à tous et reste l'élément le plus "fédérateur", est la paroisse.

La Réforme grégorienne, durant les XII° et XIII° siècles, va s'employer avec succès à redonner aux clercs le pouvoir qu'ils considèrent comme usurpé par les laïcs. Cette réforme, non seulement transfère aux papes et évêques l'essentiel du contrôle des populations, mais va s'exprimer au niveau de la paroisse de la façon suivante : tout d'abord, la nomination du prêtre responsable échappe aux laïcs, qu'ils soient comtes ou simples seigneurs. Ceci ne veut pas dire qu'ils sont absents des choix, mais qu'ils ne jouent plus un rôle déterminant. Le comte ne collectionne plus les titres et les pouvoirs d'abbé laïc des abbayes. Les évolutions dans le contrôle des habitants se caractérisent par l'édiction et le suivi de certaines règles.

Ce sont principalement les obligations liturgiques, comme l'assistance obligatoire aux offices du dimanche ; le mariage sacramentel qui se surajoute au contrôle strict de l'inceste étendu au septième degré de parenté spirituelle (parrains et marraines) et biologique , que personne dans les villages n'est en mesure de juger objectivement, tant la mémoire des lignages et l'absence d'intérêt de la date de naissance induisent une incertitude qui profite essentiellement au jugement du prêtre ; la confession auriculaire qui remplace les pénitentiaires carolingiens qui jugeaient les actes et non les intentions, subjectives, comme la confession le demande participant ainsi à l'émergence de l'individualisation ; les respects des jeûnes, de l'abstinence sexuelle, des communions entre autres facteurs.

De plus, l'église, de plus en plus proche, devient le lieu exclusif de la communication de la parole publique émise par la seule source cléricale. Les prieurés-cures, comme les simples paroisses, reçoivent des prêtres qui ne sont pas forcément des moines.

Le cimetière est un lieu de convivialité où les morts sont réintégrés au centre du village, participant à la vie ; c'est un lieu de pâturages, de réunion, de plantations au milieu des tombes. Les seigneuries, qu'elles soient laïques ou cléricales, ne coïncident pas avec la paroisse, elles en représentent des parties plus ou moins grandes, et quelquefois s'étendent en dehors de la frontière inter-paroissiale.

La différence la plus notable entre les deux types de seigneurie est la gestion de ces biens et droits. Si la seigneurie laïque a tendance à devenir avant tout coutumière, la seigneurie cléricale reste souvent une seigneurie foncière.

Le type de vie de ces deux catégories sociales diffère largement : la noblesse ancienne, ou accédante, se doit de vivre noblement, donc d'exalter la superbe. Elle doit aussi se défendre des autres membres de la noblesse. Cela coûte cher. Les clercs et en particulier les moines sont protégés par les sanctions graves qu'ils peuvent lancer, comme l'interdit et l'excommunication. Ces sanctions sont surtout valables dans une période où la mort est coutumière, détachée de la vieillesse (50% de jeunes mourront avant 21 ans) .

De plus, les moines qui vivent dans une vie réglée, ritualisée, inchangée vivent dans le long terme, dans une certaine éternité d'une vie qu'ils considèrent comme la seule, sainte et sûre pour l'éternité.

D'où le regard porté sur le long terme détaché des besoins immédiats, contrairement à la noblesse qui vit dans la satisfaction de ses besoins immédiats. Les clercs ont donc une gestion plus serrée de leurs biens et dégagent des excédents qui les enrichissent continuellement. Ainsi les Cisterciens mettront moins d'un siècle à trahir leur vocation, tant ils sont enrichis par leurs gestions.

Le droit canon, qui gère les relations entre clercs mais aussi entre clercs et laïcs, s'impose comme une solution souvent plus équitable et plus protectrice : il entre alors en opposition avec la justice comtale ou seigneuriale. Si elles doivent compter avec la puissance comtale, les seigneurs ne sont pas en réelle mesure de s'y opposer, comme on le voit au travers des textes.

Les diverses seigneuries

Les seigneuries dont on trouve des traces dans les textes sont les suivantes : La paroisse de Savennières appartient à Saint-Serge, de même que le prieuré de La Possonnière. Ce dernier n'est qu'une chapelle. Saint-Serge est aussi implanté sur l'écart de la Possonnière où il achète des biens au seigneur de La Possonnière.

Le Ronceray est implanté sur les Forges et possède l'ancienne exploitation des Fosses. Saint-Aubin semble posséder des droits de seigneurie aux "Forges" mais de faible importance, en revanche, ils sont plus importants sur Epiré. Quant à Saint-Nicolas, fort de l'appui comtal, il est essentiellement intéressé par l'exploitation seigneuriale de la Loire, eaux, moulins, viviers, écluses et sans doute péages associés.

Il acquiert, vers 1060, les droits de Buhardt sur les iles de la Loire dont l'actuelle ile de Béhuard La seule seigneurie laïque importante semble être celle des seigneurs de La Possonnière aux alentours de son enceinte et de sa motte. L'Alleud est une terre allodiale c'est-à-dire sans seigneur, mais cela ne veut pas dire sans propriétaire. Nous n'avons pas de texte à ce sujet ; c'est peut-être une preuve de sa relative indépendance. Il est difficile d'aller plus loin dans les précisions géographiques tant les notices sont imprécises.

L'état à l'aube du XIII° siècle

Savennières à l'aube du XIII° siècle ne possède pas d'organisation sociale différente de l'ensemble des paroisses. Mais la présence de nombreuses abbayes dans les probables seigneuries montre à l'évidence les intérêts du site et les revenus qu'il peut générer.

Quant aux dominés, comme toujours absents des textes, il est probable qu'ils vivent, après prélèvement, de surplus minimes. Ils sont, comme partout, à la merci du moindre incident climatique qui ne permettra pas de dégager un surplus suffisant pour la nourriture et les nouvelles semences de renouvellement.

La vigne reste en général en dehors de cette culture de pénurie, mais on ne peut écarter que les droits et charges soient si élevés que l'exploitant soit dans une meilleure position sociale. Quant aux mariniers, pêcheurs et autres travailleurs liés à la Loire, aucun texte ne les désigne, et il en est de même pour les artisans, sans doute liés aux travaux de métallurgie ou aux besoins de la vie courante.

Le XIX° siècle, avec ses constructions de loisirs ou de parade, comme les résidences secondaires ornées ou non de gloriettes, les jardins à l'anglaise et les châteaux résidentiels va transformer le paysage riverain, de sorte qu'il n'est plus lisible dans sa forme ancienne.

Savennières sous l’Ancien Régime (1560-1789)

 

régime

Bien que tout semble avoir été dit et écrit sur la révolution de 1789, sur ses causes et ses conséquences, 200 ans après avoir enterré 200 000 morts rien que dans l'ouest de la France, cette période continue de susciter des questions et ravive des passions. N'est-il pas déjà trop tard pour vraiment connaître cette époque dans toute sa vérité? Les souvenirs individuels sont tombés dans l'oubli, enterrés avec tous ceux qui les ont vécus comme si la mort avait fauché avec eux le souvenir collectif.

En Anjou une certaine pudeur contribua à laisser dans l'ombre ces terribles événements comme pour en atténuer les effets que leur rappel aurait pu provoquer, et ainsi ramener le calme dans nos esprits.

La violente tourmente qui balaya tout, en face de nos coteaux de la Loire, incendiant les villages, brûlant les fermes, ravageant les cultures et les troupeaux, a englouti à tout jamais un système qui avait pourtant fait en son temps les grandes heures de l'histoire de France, réalisé l'unité géographique du pays, assuré son indépendance et projeté avec éclat son rayonnement culturel de par le monde.

Ce régime ne pouvait pas perdurer sans changements, sans adaptations, sans réformes profondes ; toutes les classes de la société les attendaient désespérément avec impatience. Nos philosophes avaient jeté les bases d'un régime nouveau que l'expédition de La Fayette avait aidé à mettre en place outre-Atlantique.

Le premier Etat démocratique libre était né hors d'Europe sur un modèle européen, grâce à nous, mais il nous coûtait cher. Les principes d'indépendance que nous prêchions pour l'émancipation des colonies anglaises et faisions triompher en Amérique, n'allait-on pas enfin les mettre en application chez nous? Ce fut le grand espoir des Etats Généraux.

Mais si la Guerre d'indépendance nous avait coûté beaucoup, la Révolution allait nous coûter encore plus. Cette situation financière difficile que les responsables cachaient du reste, en partie, au roi, nécessitait en effet un effort de tous. Mais chacun défendait ses privilèges, et finalement les Etats ne furent qu'un rassemblement de mécontents. Les esprits s'enflammèrent et les événements prirent la tournure que l'on sait. Chaque ordre éclata, la petite noblesse de campagne proche du peuple s'opposa à celle de Cour lointaine et altière, le Bas Clergé s'opposa au Haut Clergé et les Bourgeois au Tiers. Pour mieux comprendre le malaise général en Anjou comme ailleurs, nous avons cru bon de rappeler quelques généralités afin de replacer les situations dans leur contexte général.

Mais chacun défendait ses privilèges, et finalement les Etats ne furent qu'un rassemblement de mécontents. Les esprits s'enflammèrent et les événements prirent la tournure que l'on sait. Chaque ordre éclata, la petite noblesse de campagne proche du peuple s'opposa à celle de Cour lointaine et altière, le Bas Clergé s'opposa au Haut Clergé et les Bourgeois au Tiers.

Pour mieux comprendre le malaise général en Anjou comme ailleurs, nous avons cru bon de rappeler quelques généralités afin de replacer les situations dans leur contexte général.

France

 

Généralités

Depuis la bataille de la Roche-aux-Moines, et de Bouvines, en 1214, la France avait pratiquement trouvé enfin son unité géographique. Ses frontières sous l'Ancien Régime étaient sensiblement les mêmes qu'aujourd'hui à l'exception de la Savoie et du Comté de Nice, du comtat Venaissin qui appartenait au Pape, de Montbéliard et de Mulhouse. La population était moitié moindre : 26 millions d'habitants environ pour 56 millions aujourd'hui.

Limite

La province d'Anjou était légèrement plus grande que l'actuel département de Maine-et-Loire mais elle était aussi l'une des plus petites de France. Chacun de ses rouages portait sur des étendues inégales. Elle comprenait 644 paroisses dont 462 seulement dépendant de l'Evêché d'Angers, 5 élections dont celles de la Flèche et de Richelieu, 16 greniers à sel dont ceux du Lude et de Richelieu, cinq sénéchaussées dont celles de la Flèche et de Château-Gontier, etc..

L'apanage d'Anjou revenait à Monsieur, frère du roi, à qui l'édit de 1771 avait attribué les "fruits, profits, cens, rentes, revenus, émoluments, honneurs," etc., de la province, mais le roi conservait la nomination des officiers royaux.

Le régime politique était celui de la royauté de droit divin; en conséquence, le roi pouvait faire emprisonner sans jugement par "lettre de cachet" et s'emparer des biens de ses sujets par confiscation. Il contrôlait toutes les publications par la censure. Le catholicisme était, par principe, la seule religion autorisée.. Cependant, en contrepartie de ses privilèges, le roi était tenu de respecter les lois fondamentales du Royaume et n'avait pas le droit d'abdiquer.

Son autorité était en fait limitée par les nombreuses franchises, tant de la noblesse et du clergé que des villes et des provinces, auxquelles vinrent s'ajouter les prétentions parlementaires. Les élus du peuple se sentaient donc autorisés à parler haut et fort et ne craignaient pas de critiquer le système.

En matière de justice, il y avait la justice royale qui était exercée par les tribunaux de baillages et sénéchaussées, les présidiaux et par les treize Parlements. Il y avait les justices seigneuriales, la justice d'église, les officialités, les Juridictions administratives spéciales comme les Cours des Aides, les Juridictions des Traites, la Maîtrise des Eaux et Forêts. Les magistrats étaient propriétaires de leurs charges par achat ou héritage, en vertu du principe de la vénalité des charges.

Ils étaient très nombreux parce que le roi avait tendance à vendre des charges pour remplir ses caisses et comme ils étaient indépendants, ils étaient très contestataires.

L'unité monétaire était la livre dans tout le royaume, appelée aussi franc, mais ce n'était qu'une monnaie de compte sans pièces. Aussi devait-on utiliser : le louis en or qui valait 25 livres, l'écu en argent qui valait 3 livres, le sou qui valait 1/20 ème de livre, le denier qui valait 1/12ème de sou, ces deux dernières pièces étant des monnaies de billon qui ne portaient pas en elles-mêmes leur valeur réelle.

S'il n'y avait qu'une seule monnaie, en revanche les autres unités de longueurs, surfaces, liquides, etc.- étaient très diverses et donc compliquées à convertir, ce qui entravait les transactions et le commerce. Ainsi la mesure locale comptait 16 boisseaux à Savennières pour 20 aux Ponts-de-Cé.

Le chapitre Saint-Laud avait à Bouchemaine le droit de mesure à blé et à vin contenant un cinquième de plus que celle d'Angers, etc. S'il n'y avait qu'une seule France, les Français par contre se trouvaient tous dans des situations bien diverses et inégales. On aspirait donc à briser ces carcans, entraves aux libertés de pensée, d'expression et d'action.

Le Gouvernement

Le Gouvernement et l’Administration

Le roi gouvernait, d'une part, avec six ministres : un chancelier pour la justice, un contrôleur général des finances, un secrétaire d'Etat à la marine, un autre à la guerre, un aux affaires étrangères et un à la Maison du Roi, et d'autre part, avec quatre conseils : le Conseil d'En haut pour la politique étrangère, celui des Finances, le Conseil des Dépêches où l'on prenait connaissance des rapports des intendants, et le Conseil d'Etat qui rédigeait les lois et demeurait le tribunal supérieur. L'administration était compliquée à l'extrême, et tendait à "diviser pour mieux régner". Ainsi comptait-on 148 diocèses, 40 gouvernements militaires, 33 généralités administratives, 430 baillages judiciaires.

A la tête de chaque généralité se trouvait un intendant nommé par le contrôleur général des finances. Les généralités étaient subdivisées en élections dirigées par un subdélégué nommé par l'intendant. En dessous, les villes étaient administrées par une oligarchie de riches et les villages par une administration municipale composée du seigneur, du curé et des paysans les plus fortunés.

Il y avait une assemblée paroissiale dans chaque paroisse, une assemblée provinciale dans chaque province, mais comme cette dernière n'avait qu'une session par an, une commission intermédiaire fonctionnait en dehors des sessions; c'est elle qui mit en place, progressivement, les municipalités dans les paroisses jusqu'en 1790 en remplacement des assemblées paroissiales.

Les intendants étaient de bons gestionnaires, mais on les accusait d'être trop dévoués au roi. Louis XVI consentit en 1787 à leur adjoindre dans certaines généralités des assemblées provinciales formées de membres des trois ordres, mais qui n'avaient en fait de droit que celui de présenter des vœux à l'intendant. On réclamait l'extension à tout le royaume, d'Etats Provinciaux qui auraient le pouvoir de discuter avec l'intendant des impôts directs, puis de les lever et d'en conserver une partie pour les dépenses locales, comme c'était le cas déjà du reste dans certaines provinces dites Pays d'Etat, comme la Bretagne, la Bourgogne ou le Languedoc

. L'Assemblée Provinciale de l'Anjou composée de 22 membres fut convoquée le 6 octobre 1787 sous la présidence du duc de Praslin, Renaud-César-Louis de Choiseul propriétaire de la terre de la Flèche et de la Varenne, assisté de MM. de Dieuzie de Noyant-la-Gravoyère, et de Thomas Louis Desmazières vice-maire d'Angers et, entre autres titres, capitaine des chasses de l'Evêché pour la baronnie de Chalonnes. La moitié des membres était nommée par le roi, l'autre le fut par une assemblée des trois provinces Anjou, Maine et Touraine, qui s'était tenue à Tours en août 1787.

Du 20 au 27 octobre l'Assemblée travailla à la division de la province en seize districts tout en conservant six élections. En 1788, Louis XVI, toujours indécis, s'engagea enfin à établir dans toute la France des Etats Provinciaux qui ne furent en fait que des assemblées de notables.

Qu'en fut-il des cinq paroisses de nos coteaux

Pruniers, Bouchemaine, Epiré, Savennières et Béhuard? Cette dernière, jadis annexe de Denée, avait été érigée en paroisse dont la desservante restait à la présentation du curé de Denée par décret épiscopal du 8 août 1757. Elle fut conservée comme oratoire par un décret du 9 avril 1791. Béhuard relevait du district de Saint-Georges en 1788, puis de celui d'Angers en 1790.

La paroisse d'Epiré comprenait Chantourteau aujourd'hui réunie à la Pointe, Bouchemaine dépendait de l'élection, des services des aides, impôts sur l'alimentation et les boissons, et du district d'Angers; elle fut rattachée au district de Saint-Georges en 1788 et devint chef-lieu de canton en 1790, englobant Epiré, Béhuard, Savennières, Pruniers et Saint-Jean-de-Linières.

Savennières qui englobait alors La Possonnière, comprise dans l'élection d'Angers et le district de Saint-Georges jusqu'en 1788, fut rattachée alors au district d'Angers; elle devint chef-lieu du canton, en 1795, dont faisaient partie Bouchemaine et Pruniers jusqu'en 1804, date de leur rattachement au canton d'Angers-nord. Béhuard, enfin, relevait du grenier à sel d'Angers alors que toutes les autres paroisses relevaient du grenier d'Ingrandes.

Le Grenier à Sel d

Le Grenier à Sel de Bouchemaine se trouvait à l'actuelle Chapelle Notre Dame de Ruzebouc à la Pointe.

La Situation Economique et les Impôts

Mine

Au cours du XVIIIème siècle s'étaient développés en Anjou de grands centres industriels autour de Cholet pour les tissages et de Pouancé pour la métallurgie et surtout autour d'Angers pour les mines d'ardoise, sans oublier les bassins houillers de Mont jean et de Saint-Georges Chatelaison.

 ImpôtsCe dernier était desservi par le Layon modifié en canal Monsieur et qui desservait aussi et avant tout le vignoble qui avait pris alors son extension maximum; il "est la plus grande part de la revenue du pays" (Archives départementales MS S 894, f68). Ajoutons à cela les pépinières, les lins et les chanvres, les pruneaux et les liqueurs qui sont à la base de fortunes colossales, les manufactures de toiles à voiles de Beaufort-en-Vallée qui assuraient la subsistance pour 7 à 8000 ouvriers, des toiles peintes d'Angers avec les frères Danton notamment, les verreries d'Ingrandes et de Nuaillé, les poteries, la chaux, etc.

Il y eut jusqu'en 1780 un développement remarquable du commerce, de l'industrie et de la finance, qui permit l'enrichissement de la bourgeoisie, notamment dans des villes comme Nantes et Bordeaux et accessoirement comme Angers et Tours, avec le sucre de canne, l'indigo, le café et la traite des esclaves. La France possédait alors la moitié de tout le numéraire existant en Europe et la plupart des banquiers étaient des bourgeois qui achetaient des terres.

Mais ces bourgeois qui prêtaient au roi pour éponger ses dettes, exigeaient en contrepartie l'abolition des privilèges des grands seigneurs et des réductions d'impôts car ils appartenaient au Tiers Etat accablé d'impôts. Et malgré cela le trésor était vide!

Les impôts directs étaient

La Taille

 Taille

Impôt de répartition parce que le gouvernement en fixait le montant chaque année en fonction de ses besoins et impôt roturier par excellence. Dans les pays de taille réelle, elle était levée sur toutes les terres même possédées par des privilégiés. En pays de taille personnelle, elle ne frappait que les roturiers ; mais nombreux étaient les exemptés;

La capitation et le vingtième

Impôts en principe payés par tous, mais le clergé qui acquittait des impôts spéciaux s'était racheté de la capitation et était dispensé du vingtième. Les nobles étaient considérablement dégrevés. Les pays d'Etat payaient une somme invariable, beaucoup plus faible que les autres.

Les champarts ou redevances en nature

Impôts seigneuriaux perçus par les nobles qui exigeaient des journées de corvées, des droits de péages sur les routes et les ponts: impôts de la pancarte, des droits de portes, de passagers, de mutation sur les transactions foncières : "lods et ventes", des banalités sur les moulins, les fours et pressoirs qui étaient répercutées sur les prix de la farine, du pain et du vin. Pour payer cette masse d’argent,

il n'y avait guère que le peuple, le clergé étant peu nombreux et les nobles exemptés

Les aides

Frappaient les biens de consommation et particulièrement les boissons

Les traites ou droit de douane

À l'intérieur du Royaume, comme le trépas de Loire, établi par Duguesclin, qui frappait de douze deniers par livre toute marchandise transportée en Loire. Le chapitre Saint-Laud avait droit de port et passage exclusif depuis les pieux de la Basse-Chaîne à Angers jusqu'à la Pierre Bécherelle; à la Pointe, il partageait avec le sieur de Serrant, celui de vendre seul les dards ou vandoises, les petits, utilisés comme vifs, servaient à pêcher le brochet, pêchés du 15 février au 15 mars, le droit de quintaine par terre et par eau, de mesure à blé et à vin, enfin de dîme de vin et de blé. La vente des blés n'était pas libre.

Celle des farines devait être faite au "minage", (place du marché) où elles étaient entreposées dans des huches et où les représentants du seigneur prélevaient sur chaque sétier "deux poignées de main comble et la secoueure de la poche".

La gabelle ou impôt sur le sel

ImpôtQui valait 6 fois plus cher en Anjou, pays de grande gabelle (62 livres le quintal) qu'en Bretagne ou Saintonge, c'est-à-dire 10 sols au Fresne ou à Varades.

Elle était levée par la Ferme Générale, compagnie financière à qui le roi en avait affermé la perception.Le sel était ramassé dans des greniers à Saint-Florent-le-Vieil et Ingrandes. Tous les trois mois, à date déterminée, les gabelous l'apportaient dans les paroisses où chaque chef de ménage devait aller acheter obligatoirement une certaine quantité au prix fort. S'il refusait, il risquait les perquisitions des brigades à pied, à cheval ou en bateau qui frappaient hommes et femmes, brisaient les coffres, emportaient des objets précieux.

Les contrebandiers arrêtés étaient déférés au Tribunal de Saumur, emprisonnés et condamnés à une forte amende. En cas de récidive, ils étaient envoyés aux galères ou pendus, Il y avait un poste de gabelle à Chalonnes et un autre aux Ponts-de-Cé, Un poste à La Pointe détachait des hommes à Pruniers.

 

Le rejet de la gabelle

Cette condamnation sans appel qui éclate dans l'enquête de 1787 « laquelle se voulait plutôt « un état des lieux ») se confirmera avec vigueur dans les doléances de 1789. À Saint-Jean-de-Linières, le rejet de la gabelle est net et argumenté : « impôt infernal destructeur des mœurs et de la tranquillité publique, qui empoisonne l'air dans les pays où il existe, arme l'homme contre l'homme, et rend tour à tour victime d'ordonnances trop rigoureuses ceux qui veulent les enfreindre comme ceux qui les ont observées, qui exposent à des inquisitions cruelles plusieurs millions d'individus que des fouilles odieuses tourmentent jusqu'au sein de leurs foyers, qui forcent les citoyens les plus indigents à acheter du sel lors qu'ils n'ont pas de pain, et enfin cet exécrable impôt est l'école du vol, du meurtre et de tous les brigandages quelconques ».

À Savennières, pas de long discours sur ce sujet : la cause est entendue. Mais deux propositions originales pour faire face aux conséquences de sa suppression : « la remplacer par un impôt par teste, oraison de l'âge, depuis sept ans jusqu'à vingt-cinq graduellement » « étrange, cet impôt sur les jeunes !) ; « trouver un moyen de subsistance pour les employés réformés (les gabelous, qui seraient alors sans travail) et incapables de subsister autrement ».

Source : livre entre Loire et Bocage

 

Impôt de l’Eglise :

La dîme,

La dime

Un impôt levé par le clergé, équivalent au 1/10ème de la valeur des récoltes pour faire vivre les ecclésiastiques, entretenir les hôpitaux, les écoles et les édifices religieux, payer au roi le don gratuit et les décimes et verser au pape les annates, ou redevances dues par tout nouveau prélat. Cet impôt était prélevé directement sur les champs et les paysans devaient attendre le passage des représentants avant de rentrer la récolte d'où des problèmes en cas d'orage et de grêle.

L'abbaye du Ronceray et le chapitre Saint-Laud possédaient chacun dans la paroisse de Bouchemaine, à la fin du XVIIIème siècle, 3 000 livres de rentes, le séminaire 1 600, les religieux de Chaloché 500, l'abbé de Clermont 2 100, l'Hôtel- Dieu d'Angers 400, les Incurables une closerie et des vignes.

A Bouchemaine, les plus gros taux d'imposition de trois fermiers s'élevaient à 60 l., 13 autres avaient des impositions variant de 25 à 40 l et 13 autres encore de 15 à 25 l. Deux privilégiés : le curé et un ancien commissaire de la marine, pensionné du roi. Le montant de toutes les impositions s'élevait à 5 000 l environ pour 1190 habitants.

La paroisse était taxée à 36 minots de sel, à 61 l. 12 s, le minot. A Epiré, le total des impositions était de 2 500 l pour 105 feux; la paroisse était taxée à 16 minots de sel. On ne comptait qu'un seul privilégié. Les plus gros taux d'imposition variaient de 60 à 80 l pour 3 fermiers, de 40 à 50 l pour 3 autres et de 15 à 20 l pour 2 seulement.

A Savennières, le montant total des impositions avoisinait les 20 000 l , 15 privilégiés et 2 fermiers imposés de 80 à 90 l, 2 de 60 à 80 l, 23 de 40 et 60 l., 13 de 25 à 40 l et 37 de 15 à 25 l. La paroisse était taxée à 82 minots de sel. Les revenus des biens et dîmes ecclésiastiques étaient estimés à 12 000 l charges déduites.

A Béhuard le montant total des impositions n'était que de 1 300 l, pour quelques 70 feux et 315 habitants. Sept fermiers payaient de 15 à 30 l d'impôts, la paroisse était taxée à 7 minots de sel

Le Tiers Etat

 

 Etats générauxSocialement les Français n'étaient pas égaux; ils se répartissaient par leur naissance en trois ordres ; la noblesse, le clergé et le Tiers Etat. Des trois ordres, le tiers état était de loin le plus nombreux puisqu'il représentait 98% de la population. Contrairement à une idée généralisée, il ne comportait pas que des pauvres.

Certes, à côté des grands bourgeois qui avaient une résidence en ville et une autre à la campagne où ils venaient chaque semaine cueillir les produits de leurs terres, les artisans, maîtres et compagnons représentaient 1/10ème de la population. Ils étaient groupés en corporations fermées et monopolistiques qui tenaient à l'écart de nombreux ouvriers.

François-Yves Besnard a bien dépeint cette société provinciale en Anjou : vie aisée mais modeste pour la bourgeoisie à l'instar de la noblesse. Les boulangers, bouchers, aubergistes, tanneurs étaient à l'aise; le bâtiment était dans une situation médiocre et le textile dans une situation très mauvaise.

Le manque d'argent et la crise économique rendirent leur situation de plus en plus difficile en 1788 et 1789. Ils grossirent donc rapidement le nombre des miséreux et des mécontents.

Les contrats d'apprentissage étaient passés devant les notaires.

Il s'agissait, pour le père, de mettre son fils, quelquefois sa fille, en apprentissage chez un artisan du village. L'accord passé devant le notaire garantissait les intérêts des deux parties. L'apprentissage durait entre deux et cinq ans. Le jeune garçon était placé chez un charpentier, un menuisier, un tonnelier, etc., la jeune fille chez une lingère.

Pendant tout le temps de l'apprentissage, le jeune garçon habitait chez son maître qui le nourrissait et le blanchissait. Le maître s'engageait à lui montrer et à lui enseigner son métier ainsi qu'à bien le traiter. En échange de quoi le jeune homme s'engageait à apprendre de son mieux et à lui obéir. Le père quant à lui payait le maître soit en argent, environ cinq livres, ou en produits tels que du bled, (blé de seigle, blé d'orge..).

1-Les Activités Economiques

travail

Notre étude a été faite sur les registres de Savennières mais on peut observer les mêmes éléments sur Bouchemaine. Par le relevé des professions, aussi bien sur les registres paroissiaux que sur le rôle des tailles, on peut avoir une approche des activités économiques de la paroisse.

Il est bien évident que ces relevés comportent des lacunes, le curé n'inscrivant pas toujours la profession, et les gens ne payant pas la taille étant absents du rôle. Cependant, on peut noter une tendance ; plus de la moitié de la population, 59%, vivait du travail de la terre, les vignerons .représentant 35% environ des professions présentes dans la paroisse.

Cela correspond à un tiers de sa surface en vignes. Il est fort probable que d'énormes différences de richesses existaient entre ces vignerons. Si le travail de la terre était très important, il n'en reste pas moins que la paroisse de Savennières avait un artisanat très présent, puisqu'il occupait environ le quart de la population.

Travail du Maréchal Ferrant

Le relevé nous indique des professions aussi diverses que tonnelier, meunier, boulanger, maçon, tailleur de pierre, menuisier, sabotier, tisserand. Le troisième groupe, par son importance, est, pour ainsi dire, sous-représenté malgré ce que l'on pourrait croire. Il s'agit des gens de la Loire qui ne totalisent que 8,5% de la population. Ceci peut paraître étonnant pour une paroisse située au bord du fleuve. Mais il faut garder à l'esprit l'importance de la vigne.

En fait, il y avait probablement plus de gens de la Loire présents dans la paroisse, mais ils n'étaient que de passage, et originaires d'une autre paroisse en amont ou en aval. Mais c'est par eux que se faisaient principalement les échanges avec l'extérieur. N'oublions pas que la Loire était un lieu de passage important puisque l'on comptait parfois Jusqu'à 400 voiles par jour.

Les Privilégiés

Toujours d'après les registres, on retrouve dix privilégiés. En fait la paroisse en comptait plus, mais ceux qui n'ont pas été décomptés étaient probablement en majorité des ecclésiastiques. Ces privilégiés représentaient 4% de la population, ce qui correspond à peu près à leur proportion à l'échelle du royaume. Ce sont surtout des gens employés au service du roi, impôts, charges au Parlement, siège présidial, etc.

Enfin un certain nombre de professions, qui ne peuvent être classées dans aucun de ces groupes, représentait environ 3%. Il s'agit d'employés, domestiques, un sacristain, un milicien, une maîtresse d'école, deux chirurgiens et une sage-femme.

La paroisse de Savennières ne présente donc pas une grande originalité par rapport à l'ensemble des paroisses rurales du Royaume. Le travail de la terre dominait, l'artisanat était présent, de même que les privilégiés.

En ce sens, elle constitue un bon prototype des paroisses françaises, et plus particulièrement angevines, à la veille de la Révolution,

Les Paysans.,

Le Laboureur

Ils formaient à eux seuls près des 9/10èmes des Français. Le servage existant encore en Europe Centrale et Orientale avait heureusement disparu chez nous depuis la fin du Moyen âge . Ils étaient donc libres et certains même étaient propriétaires de leurs terres, à preuve le grand nombre d'actes de vente retrouvés chez les notaires; mais les terres étaient en général non seulement possédées par des nobles comme le comte de Serrant, principal seigneur de la paroisse, ou par Monsieur de Romain, seigneur de la Possonnière, mais aussi par des abbayes telles que celle de Saint-Serge d'Angers qui possédaient des métairies: la Monnerie par exemple ou l'abbaye de Saint-Georges.

Les habitants d'Angers en possédaient également. Il s'agissait de bourgeois, de marchands qui investissaient dans la terre. Il faut bien voir que, dans cette société, la considération venait d'abord du titre, puis du capital foncier. Il est cependant difficile, à partir des documents consultés, de pouvoir préciser les proportions des différents ordres dans la possession des terres .

La plupart des paysans de la paroisse de Savennières étaient fermiers, métayers ou journaliers. Le livre des recettes tant des fermes que du produit des différentes denrées qui se cueillent sur la terre de la Possonnière de 1770 à 1802" (Arch. de Romain aux A.D.M.L.) nous donne la liste exhaustive des métairies et autres terres affermées par M. de Romain, ainsi que leurs rapports pour le propriétaire.

La métairie de la Garenne était affermée à Roynard pour 267 livres en argent, 10 septiers de seigle, 4 de 'froment, 10 livres de beurre, 6 poulets, 6 chapons, 2 chartées de chaume et le charroi de 200 fagots; celle de Villeneuve, affermée à Bouet pour 150 l en argent, 15 septiers de bled moitié en seigle, moitié en froment, 17 livres de beurre, 6 poulets et le charroi du tiers des fagots ou de la bourrée que fait faire tous les ans le Seigneur.

La métairie de la Blévière, aux Veuves Piron et Manceau, pour 150 livres argent, 10 septiers de bled seigle, 10 livres de beurre, 6 poulets, et le charroi de 1 000 fagots. La closerie de Lenaye, était affermée à Liger , pour 15 livres en argent, 10 livres de beurre, 6 poulets, la fauche de 2 arpents dans la prairie de la Possonnière.

La closerie de Loysonnaie, affermée à Joseph Lepin pour 150 l en argent, moins 93 livres 10 sols pour façon de 8 quartiers et demi de vigne, 15 livres de beurre, 6 poulets, fauche de 2 arpents dans la prairie de la Possonnière; celle de Montgardé était affermée à Oger pour 2 septiers de bled seigle, 40 sols en argent et 2 chapons ou 4 poulets

. La métairie de Brunessard fut affermée à Vétile en 1787 pour 40 sols en argent, plus 2 chapons. La closerie du Petit Bourg Lhommeau, à l'entrée du village, à René Gaudin pour 18 livres en argent, 80 pintes de lait doux, 140 livres de beurre, plus l'entretien du jardin, des arbres fruitiers et espaliers, plus la moitié de 2 cochons gras, plus un domestique pour les vendanges, une femme pour boulanger, plus 1/2 dixième de chanvre qu'il ramassera et fera rouir, plus l'abattage en fagots du bois des Luisettes, l'entretien des chiens et des chevaux, ainsi que l'entretien des clôtures et des vignes. La Closerie du Porche était affermée à Pierre Jouet pour 212 livres.

Un simple quartier de vigne au Vaurestre était affermé à René Sortan, "tonnelier à Laleud"; pour six livres; un arpent de pré dans la prairie de la Possonnière était affermé à Jean Ménard, fermier à la Fenestre pour 48 livres, un arpent de pré dans la prairie de la Possonnière, à Périgaule, meunier près le village de la Leu, pour 66 livres, etc. L'unité monétaire était la livre appelée aussi franc, monnaie de compte, sans pièces, le louis en or valait 25 livres, le sou valait 1/20e de livre et le denier 1/12ème de sou.

En comparaison et pour fixer les idées, voici quel était, approximativement, le coût de la vie. Une livre de beurre valait 50 centimes, un mètre de serge 3 francs, une paire de souliers de 3 à 5 francs, un chapeau de feutre 4 francs, un mouton 10 à 20 francs, un veau 5 à 8 francs, une vache 30 à 50 francs, un bœuf 220 à 250 francs, deux poules 1,20 franc, deux poulets 10 à 15 sous, une paire de bœufs 300 à 400 francs.

Un domestique se gageait de 100 à 150 francs par an, une servante de 50 à 60 francs; une journée d'homme valait 1 franc l'été et 0.50 l'hiver, une journée de couturière 0,30 franc.

Les paysans souhaitaient obtenir des terres et ne plus payer d'impôts. Malgré les progrès de l'agriculture : maïs, pommes de terre, navets, plantes fourragères, le fondement de leur nourriture restait le pain et les céréales qui épuisent le sol.

Ils devaient donc pratiquer les jachères. Le plateau était bocage depuis le Xi ème siècle, date des derniers grands défrichements et se présentait donc tel que nous l'avons connu avant le remembrement des années 1970; bois, prés, seigle cultivé avec assolement en jachère . Les rendements étaient faibles mais la plupart des fermes dont on voit encore les anciens bâtiments agricoles existaient déjà. La rareté des prairies réduisait l'élevage sur le plateau. Il y avait donc peu de fumier, c'est-à-dire d'engrais, et un outillage rudimentaire.

Pendant les bonnes années, la production suffisait tout juste à nourrir la population; aussi l'État devait-il exercer un contrôle économique obligeant les paysans à alimenter les marchés, fixant le prix du pain, interdisant l'exportation des blés.

Le paysan exerçait souvent chez nous, en plus de celui de la terre, un autre métier. Certes, depuis 1730 la France avait connu la prospérité mais dès l'avènement de Louis XVI en 1774 il y eut mévente des vins et du blé. Une terrible sécheresse en 1785 entraîna un manque de fourrage et obligea à abattre une partie du cheptel, un hiver très rigoureux gela les rivières, les moulins furent arrêtés et le pain manqua. Nos coteaux étaient en totalité recouverts de vignes plantées en pinot blanc, d'un excellent cru exporté pour les Hollandais et les Anglais.

Le vignoble avait atteint alors son étendue maximale. Or les vins se vendaient mal, concurrencés par ceux de Bordeaux, Porto et Jerez. A cela s'ajouta la rigueur de l'hiver 88/89 qui gela beaucoup de souches dans les vignes. Les vignes étaient entretenues par des journaliers nombreux, mal payés (12 à 15 sols seulement, alors qu'une douzaine d'oeufs valait 15 centimes) si bien qu'ils constituaient une masse de 135 familles sur 482 feux dans la paroisse de Savennières, ne vivant plus que d'aumônes à en croire le tableau général du district rédigé par les syndics.

Une crise industrielle éclata. Parallèlement, le marché espagnol se ferma à nos exportations; l'industrie anglaise, très en avance sur nos prix, envahit la France. De nombreuses entreprises fermèrent; les ouvriers se répandirent dans les campagnes moitié mendiants, moitié brigands. Paris comptait 100 000 indigents sur 550 000 habitants.

A cette crise financière s'ajoutait la crise d'autorité du roi qui fut acculé à la convocation des Etats Généraux.

Source :Musée des Boissons

Vignoble de Savennières

Situation Géographique

Carte de l’A.O.C

Le vignoble de l'appellation d'origine contrôlée « Savennières » est situé dans la région viticole du Val de Loire. La zone géographique est située sur la rive droite de la Loire, à une quinzaine de kilomètres de la ville d'Angers.

L'appellation "SAVENNIERES contrôlée"

1935. Création des " appellations d'origine contrôlées " et de " l'Institut National des appellations d'origine des vins ". Les viticulteurs des coteaux de Loire et Maine s'intéressent tout de suite à ce système, unique au monde, de reconnaissance et de protection des vins. Si les décrets pour les appellations régionales Anjou, Anjou-Saumur et Saumur sont respectivement sortis (pour les vins blancs le 14-11-1936, pour les vins rouges le 9-9-1937), le décret de l'AOC " Anjou Coteaux de Loire " sort seulement le 2-9-1946, et seulement pour les vins blancs. Il concerne dix communes des deux rives de la Loire dont Savennières, Bouchemaine et la Possonnière.

En novembre 1951, le président des producteurs de vins de Savennières, Michel Soulez envoie une demande à l'INAO pour obtenir l'appellation Savennières, demande complétée en juillet 1952 par une note de M. Levron, archiviste en chef du Maine et Loire qui fait ressortir,

  • 1) : l'antiquité de la vigne ; le prieuré établi par l'abbaye de Saint-Serge,
  • 2) : l'excellence du vin de Savennières depuis plusieurs siècles,
  • 3) : les prix : " en 1709, les prix fixés par la sénéchaussée d'Angers rangeaient les vins de Savennières dans la 1ère catégorie, soit 50 livres la pipe de 460 litres ". Le décret est signé le 8 décembre 1952 par A. Pinay, président du Conseil et C. Laurens, ministre de l'Agriculture

Les principales dispositions sont

: Superficies à Savennières, 302 ha dont 140 en vigne ; à la Possonnière, 40 ha dont 20 en vigne ; à Bouchemaine, 33 ha dont 17 en vigne. Encépagement : chenin (ou pineau de Loire). -Degré alcoolique minimum : 12°5 d'alcool dont 12° d'alcool acquis.

-Rendement : 25 hl à l'ha. -Récolte par "tries "successives (sélection de grappes sur souches).

Enfin l'arrêté comporte l'autorisation exceptionnelle pour les vins récoltés sur les quelques parcelles désignées par leur référence cadastrale, de porter l'indication du lieu-dit après la mention " Savennières ". Ce sont les lieux-dits "Roche aux Moines" et "Coulée de Serrant".

L'appellation ne modifia pas immédiatement le vignoble des coteaux de Loire car les prix de vente n’étaient pas assez rémunérateurs en ce milieu de siècle et de nombreuses petites parcelles disparaissaient mais une vingtaine d'années après , comme, dans tous les vignobles le commerce reprit, et actuellement les surfaces plantées augmentent tous les ans ; de 74 ha en production en 1989, on est passé , en 1999,à 140 ha de vigne et au temps en 2005 , revendiquant l'appellation Savennières.

Le décret de 1952 est abrogé et remplacé par celui du 5 décembre 1996

 vignobles

Le vignoble de l'appellation d'origine contrôlée « Savennières » : est situé au Sud d'Angers, dans le Maine et Loire (49), sur 3 communes. ( Epiré, Savennières, Possonnière)

Historique

.Il remonte avec l'arrivée des Romains.

845 : On connaît le cépage « Chenin blanc » avec certitude en Anjou dès l’an 845, grâce à des documents d’époque qui portent le sceau de Charles le Chauve D'abord limitée aux parcelles proches des grandes abbayes d'Angers, la culture de la vigne s'est étendue tout autour d'Angers, puis sur les coteaux de Pruniers et Bouchemaine au IVème siècle.

Au XII ème Siècle :

La Coulée de Serrant fut plantée au 12eme siècle par les Cisterciens

Vers 1130, les moines de l'abbaye de Saint-Nicolas d'Angers plantent un coteau surplombant la Loire qui donnera son nom à « La Roche aux Moines », un ravissant prieuré au creux du vallon de la Coulée et la culture de la vigne se développe .

Savennières

En 1140, des religieuses bénédictines construisent, dans le bourg de La Possonnière, un couvent nommé « Le Prieuré ». De vastes clos de vigne entourent alors leur bâtisse. Au XIII ème Siècle Lors de la guerre de Cent Ans, Savennières est le théâtre de plusieurs batailles, dont la plus importante fut celle de la bataille de la Roche-aux-Moines : en 1214, Jean sans Terre assiège le château de la Roche-aux-Moines. Il ne réussit pas à le prendre et est repoussé par Louis, fils de Philippe Auguste, qui devient ensuite le roi Louis VIII. En 1226, le roi de France Louis VIII meurt et laissa par testament l'Anjou ainsi que le Maine en apanage à Charles Ier d'Anjou (1227-1285)

Au XVème Siècle

Le vin de « Savennières » est apprécié sur les nobles tables et plus particulièrement, au XVème siècle sur la table du bon roi RENE (RENE Ier d'Anjou).

Celui-ci, à la faveur d'une halte sur la commune, dégustant un verre de vin issu d'une parcelle à l'ouest du bourg, il le qualifie de « goutte d'or ». Cette parcelle est connue, depuis, sous la dénomination de « Clos de la goutte d’or ».

Le Savennières serait historiquement, un vin moelleux. La référence à une goutte d'or, parlerait d'un vin moelleux.

C'est en 1448 que les ducs Angevins de la famille des Valois récupérèrent leurs possessions. Le roi René d'Anjou, un des princes les plus cultivés de son temps, né en 1409, marque profondément la province au milieu du XVe siècle.

Le "Bon roi René" meurt en 1480 à Aix-en-Provence. En 1481, après la mort du Roi René, Louis XI récupère l'Anjou. Louis XI réunit définitivement l'Anjou à la couronne de France en 1482 .

Au XVI ème Siècle

La Coulée qui porte désormais le nom du sieur de Serrant acquéreur en 1562. Les châteaux de la Roche-aux-moines, la Possonnière et Saint-Offange, sur l’autre rive de la Loire, qui verrouillaient la région, sont rasés par le duc de Mercœur en 1592.

Au XVIII ème Siècle

Bail en 1737

A ce propos, il peut être utile de connaître quelles étaient les conditions de culture de nos vignobles au commencement du dix-huitième siècle, d'après un bail consenti le 23 juillet 1737, par le prieur de Saint-Romain de Savennières, dépendant de l'abbaye de Saint Serge, de la congrégation de Saint-Maur : « Le fermier est tenu de faire et façonner les vignes dépendantes du prieuré, chacun an de toutes leurs façons ordinaires; savoir : déchausser, tailler et bêcher, et bien faire les raises, rigoles; d'y faire tous les provins qui se trouveront bons à faire; les graisser de bon manis et terrier ; le tout en temps et saison convenables, sans pouvoir tirer la vigne à long bois. »

Le sol, consacré chez nous à la vigne, est presque partout tellement accidenté, que jusqu'à ce moment personne n'a encore pu songer à y introduire la culture à la charrue, l'un des plus grands perfectionnements que doivent rechercher les vignobles où la propriété est moins disséminée que dans notre contrée.

Source :les vignes rouges et les vins rouges par Guillory

Au XIXème siècle:

Le bord du bras de Loire, côté du vignoble, condamné par la ligne de chemin de fer, vers 1850.

Le château d'Epiré a été construit en 1850 sur une ancienne maison de maître. Les chais du Château d'Epiré sont installés dans l'ancienne église romane du village, rachetée par le grand-père de Luc Bizard en 1882 lors de la construction de la nouvelle église. Il la transforma en chais en 1906.

En 1887,le phylloxera attaque le vignoble de Savennières.

En,1894 La reconstruction du vignoble commence

Au XXème siècle :

Création de la répression des fraudes avec la loi du 1 août 1905 avec la définition de la notion de « Tromperie sur la marchandise »,. Quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, aura trompé ou tenté de tromper le contractant, par quelque moyen ou procédé que ce soit, même par l'intermédiaire d'un tiers :

  • soit sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises ;
  • soit sur la quantité des choses ou sur leur identité par la livraison d'une marchandise autre que la chose déterminée qui a fait l'objet du contrat ;
  • soit sur l'aptitude à l'emploi, les risques inhérents à l'utilisation du produit, les contrôles effectués, les modes d'emploi ou les précautions à prendre, Sera puni d'un emprisonnement de trois mois au moins, deux ans au plus et d'une amende de 1.000 F au moins, 250.000 F au plus ou de l'une de ces deux peines seulement.

Un rendement de 11 hl/ ha en 1921, millésime mythique, où Savennières produisit un très beau liquoreux, 10,7 % et 173 g/l de sucres résiduels (Maisonneuve, ouvrage de 1925). L'AOC « Anjou-Coteaux de la Loire » est née par décret du 26 août 1946. Les 3 communes (Epiré, Savennières, Possonnière ) sont sous cette appellation.

L’appellation d’origine contrôlée « Savennières » est initialement reconnue par le décret du 8 décembre 1952. (JORF du 10 décembre 1952 page 11399).

Les vins de Savennières sont des vins blancs moelleux. En 1968, Jean Baumard ( Domaine des Baumard ) achète une quinzaine d’hectares à Savennières. Il possède des vignes sur Quarts de Chaume, et sur l’AOC Coteaux du Layon .

Dans les années 1970-1980 ,les vignobles et vins de Savennières étaient à la charge des femmes. A cette époque, la consommation de vin blanc chute ( à cause du surdosage en souffre qui donnait des maux-de-tête). Les hommes devaient rapporter de l'argent à la maison et les vignes étaient sous la responsabilité de la maîtresse de maison.

Dès les années 1970, pionniers dans une démarche de recherche qualitative, les vignerons de Savennières, las de tricher avec les millésimes pour obtenir des vins “doux” de piètre qualité, optèrent pour l’élaboration de chenins secs de terroir.

Ce qui a établi depuis leur notoriété de chefs de file des chenins secs angevins de terroir. Décret du 28 juillet 1971, modification de l’article 1er du décret du 08-12-1952,relatif à l’aire de production des vins appellation « Savennières ». Journal du 6-08-1971 page 7811 Les vins ne peuvent être mis en circulation avec une AOC sans un certificat délivré par l'institut national des appellations d'origine selon les dispositions du décret susvisé n° 74-871 du 19 octobre 1974 relatif aux examens analytique et organoleptique des vins à appellation d'origine contrôlée.

Décret du 20 novembre 1975

Modification de l’article 4 du décret du 08-12-1952,définissant le rendement à l’hectare des vins d’appellation « Savennières » (Journal du 2 décembre 1975 page, 12324) L ’aire parcellaire de production a été approuvée par l’Institut national de l’origine les 11 et 12 septembre 1985. Éric Morgat s'installe au Domaine de la Monnaie, avec 5 hectares de « Savennières » Le décret du 5 décembre 1996 laisse aux viticulteurs le libre choix de faire des vins secs, demi-secs, moelleux ou doux (JORF n°286 du 8 décembre 1996, page 17943) Les rendements sont fixés à 50 hectolitres par hectare.

Au XXI ème siècle

Les vignerons du Layon achètent des vignobles de Savennières. Ils élaborent un vin plus tendre que les vignerons de Savennières. Depuis l'AOC en 1952, les vins étaient très secs. Depuis le début du XXIème siècle (2000-2010), le vins de Savennières a une acidité plus souple.

Le vignoble de « Savennières », symbole de la « douceur angevine », est classé depuis 2001 au patrimoine mondial de l’humanité par l'UNESCO. Château la Franchaie : Jean-Marc Renaud a repris en 2004 ce domaine situé près de Savennières, sur la rive droite de la Loire. Le Château de Chamboureau vend, en 2005, des parcelles de vignes qui l'entourent. Éric Morgat possède là un demi-hectare, le Pré Rigourd. A peine quelques rangs. Sur leur droite, une plantation récente de Claude Papin.

Plus bas dans le coteau, quelques arpents à Damien Laureau. Sur la gauche, il reste une parcelle de Chamboureau et une autre au Domaine des Forges, de la famille Branchereau. L ’aire parcellaire de production a été approuvée par l’Institut national de l’origine les 8 et 9 juin 2005.

L ’aire parcellaire de production a été approuvée par l’Institut national de l’origine le 05 septembre 2007. Il y a 37 propriétaires en 2008 Depuis le 1er Août 2009, l'Union Européenne met en place des règlements vitivinicole.

Les syndicats de vignerons travaillent sur des cahiers des charges pour faire valoir leur AOC française. La désalcolisassion est autorisée, l'utilisation de copeaux , ... Etiquetage :L’année de récolte, Millésime :il s’agit de l’année à laquelle ont été récoltés au moins 85% des raisins utilisés.

Cépage : Modification du décret de l’AOC « Savennières » Décret n°2009-1217 du 9 octobre 2009, JORF n°0236 du 11 octobre 2009 page 16641 En 2009, le vignoble est exploité par 34 opérateurs. Mme de Pontbriand (Domaine du Closel) est présidente du syndicat Savennières.

Cahier des charges de l'AOC « Savennières » :le décret n° 2011-1094 du 9 septembre 2011, JORF du 11/09/2011 Les modifications : Autorisation d'enrichir les vins blancs sec à 13% Décret n° 2012-655 du 4 mai 2012 relatif à l'étiquetage et à la traçabilité des produits vitivinicoles et à certaines pratiques œnologiques, (JORF n°0107 du 6 mai 2012) Les règles pour le « vin biologique » sont applicables à partir du 1er août 2012 .

Les vins issus de raisins de la vendange 2011 et qui auront été vinifiés conformément à la réglementation qui vient d'être votée pourront adopter le terme vin biologique et le logo bio de l'UE à partir du 1er août 2012. Ban des vendanges 2013, Pour les vins blancs A.O.C. de Savennières : 02 octobre 2013 pour le cépage Chenin Le 21 octobre, fin des vendanges 2016 à Savennières, et buttage au Domaine Richou sous le rang pour l'hiver.

Ban des vendanges 2017, Pour les vins A.O.C de Savennières : 30 Août 2017 pour le cépage Chenin. Savennières Clos Brochard, le 27 septembre, vendanges 2017 magnifiques sur un terroir d’exception. Ban des vendanges 2018, Pour les vins de cépages chenin : Vendredi 31 aout 2018 Au Moulin de Chauvigné, le 04 octobre 2018, le domaine vendange son Savennières. Le 21 octobre 2018, c'est la fête des fins de vendanges à Savennières.

Le Moulin de Chauvigné vendange son Savennières, le 04 octobre 2019. Cahier des charges de l'AOC « Savennières » :homologué par arrêté du 10 octobre 2019 publié au JORF du 19 octobre 2019 Le Domaine du Closel - Château des Vaults commence sa première journée de vendanges 2020, le 2 septembre. Au Domaine FL, premier jour de vendange sous le soleil, le 03 septembre 2020, pour son Savennières.

Le 9 septembre 2020, première vendange de la parcelle de pieds francs de chenin chez Thibaud Boudignon, à Savennières.

Le 11 septembre, vendange pour la future Cuvée Clos des Perrières 2020 - Savennières, au Château de la Soucherie.

Le 12 septembre, les vendanges 2020 commencent pour le Savennières du Domaine Ogereau

 

Les Cépages

Ampélographie ( Etude des cépages )

Chenin Blanc:

C'est un cépage très ancien en Anjou, son origine sera un croisement naturel entre le Savagnin (cépage du Jura) et le Friulano (cépage de Vénétie en Italie, que l'on appelle en France : La Sauvignonasse)

On connaît le cépage « Chenin blanc » avec certitude en Anjou dès l’an 845, grâce à des documents d’époque qui portent le sceau de Charles le Chauve (un des petit-fils de Charlemagne). Puisque dès 845, la présence du cépage Chenin est connue avec certitude à l'Abbaye Saint Maur de Glanfeuil. La Charte de Charles le Chauve institue la dotation de plants de vigne en faveur de l’Abbaye. Ici, il est appelé Plant d’Anjou.

Les synonymes :

Agudelo ou Agudillo (Espagne), Anjou, Blanc d’Aunis, Capbreton blanc (Landes), Coué-fort (Gers ), Gros Chenin (Maine-et-Loire et Indre-et-Loire), Gros Pineau (Touraine), Pineau d’Anjou (Mayenne), Pineau de la Loire (Indre-et-Loire), Pineau de Savennières, Pineau de Vouvray, Plant d’Anjou (Indre-et-Loire), Plant de Brézé, Ronchalin, Rouchelein ou Rouchelin (Gironde et Périgord), et Steen (Afrique du Sud).

 

Etude du sol

sol

Le sol est composé principalement et de Schiste et de sols argilo-schisteux. Le schiste est particulièrement enrichi de pierres volcaniques, spilites, rhyolites, basaltes et d'une veine de quartz. On trouve des traces de roches bleues (phtanites) par endroits en particulier au Hu-Boyau (au-dessus de la coulée de serrant)

Le Climat

L’exposition sud-sud-ouest, permet à la vigne de profiter des premiers rayons de soleil , ce qui est important pour l’évaporation des brumes matinales en automne . La Loire permet de réguler le climat en emmagasinant la chaleur de l’été sur les bancs de sable . La Loire à ce moment-là est très peu haute et restitue la chaleur la nuit , et au petit matin , les brouillards permettent le développement du botrytis .

Les températures moyennes annuelles sont relativement élevées (environ 12°C). La Loire se resserre à Savennières, créant une ventilation naturelle qui permet une évaporation assez rapide de l’humidité , permettant d’obtenir des vins secs corsés qui demandent quelques années pour s’épanouir .

La pluviométrie moyenne annuelle est de 650 millimètres et caractérise un ensemble abrité des vents humides, alors qu’elle dépasse 800 millimètres sur les collines des Mauges.

Fiche technique

L'AOC « Savennières » est réservée aux vins blancs tranquilles secs, demi-secs, moelleux ou doux.

Vignification

Conduite du vignoble

  • Les vignes présentent une densité minimale à la plantation de 4000 pieds à l’hectare.
  • Les vignes sont taillées au plus tard le 30 avril, en taille mixte, avec un maximum de 12 yeux francs par pied dont 4 yeux francs maximum sur le long bois.
  • La charge maximale moyenne à la parcelle est fixée à 8000 kilogrammes par hectare.
  • L’irrigation est interdite

Vendange

Maturité :

Richesse minimale en sucres de raisin (fructose)

  • de 186 grammes par litre de moût pour les vins secs
  • de 212 grammes par litre de moût pour les autres vins ( « demi-sec », « moelleux », « doux »)

Titre alcoométrique volumique naturel minimum de

  • 11, 5 % vol pour les vins secs
  • 12,5 % pour les autres vins (« demi-sec », « moelleux », « doux »)

Rendement

  • le rendement de base et butoir est de 50 hectolitres par hectare pour les vins sec et « demi-sec »; de 35 hectolitres par hectare pour les vins « moelleux » ou « doux ». ( à 50 hl/ha en 1996)

Divers :

  • La date de début des vendanges est fixée par le préfet qui fixe cette date par arrêté ( dispositions de l'article D. 644-24 du code rural.)
  • Les raisins sont récoltés par sélection de grappes sur souches
  • L'utilisation de la machine à vendanger est interdite.

Chai

Aire de production des vins :

Les vins sont vignifiés et élevés dans une aire de production limité et défini par le cahier des charges.

Enrichissement

Les vins secs ne dépassent pas, après enrichissement, le titre alcoométrique volumique total de 13 % ;Toute opération d’enrichissement est interdite pour les autres vins.

Vinification

  • Les vins ayant droit à l'appellation contrôlée devront provenir des raisins récoltés à bonne maturité et vinifiés conformément aux usages locaux, ils bénéficieront de toutes les pratiques œnologiques actuellement autorisées par les lois et règlements en vigueur.
  • L'utilisation de morceaux de bois de chêne est interdite.
  • Les vins secs présentent, après fermentation, une teneur en sucres fermentescibles (glucose + fructose) inférieure ou égale à 4 grammes par litre. Les vins présentent, après fermentation, un titre alcoométrique volumique acquis minimum de 11 %.
  • Les vins font l’objet d’un élevage au moins jusqu’au 15 mars de l’année qui suit celle de la récolte.
Contrôles
  • Le contrôle du respect du présent cahier des charges est effectué par un organisme tiers offrant des garanties de compétence, d'impartialité et d'indépendance, pour le compte de l'INAO,
  • sur la base d'un plan de contrôle approuvé.
  • Les bulletins d'analyse sont effectués et conservés par le vigneron ou négociant, pendant une période de 6 mois à compter de la date de conditionnement

Commercialisation

Etiquette :

  • Le nom de l'appellation d'origine « Savennières » contrôlée peut être complété par la dénomination géographique « Val de Loire » Date de mise en marché à destination du consommateur.
  • A l'issue de la période d'élevage, les vins sont mis en marché à destination du consommateur à partir du 1er avril de l'année qui suit celle de la récolte.

Origine de la vigne dans la région de Savennières

Des études archéologiques menées récemment amènent à supposer que la vigne serait arrivée en vallée de la Loire dès le 1er siècle : un atelier d'amphores du 1er siècle, à Mazières-en-Mauges et les vestiges de pressoir à vin, à Chênehutte-Trêves-Cunault datant probablement du IIe siècle.

C'est Probus, empereur romain de 276 à 282 qui accorda le droit à tous les Gaulois de planter de la vigne, annulant de fait l'édit de Domitien promulgué en 92 (cet édit avait pour intention d'interdire la plantation de nouvelles vignes en Gaule, dans le but de protéger la viticulture romaine qui était concurrencée par les vins de Gaule).

Le vin, une denrée précieuse pour les moines

D'abord limité aux terrains proches des grandes abbayes d'Angers, la culture de la vigne s'est étendue tout autour d'Angers, puis sur les coteaux de Pruniers et Bouchemaine à partir du IVe siècle et probablement sur ceux de Savennières où fut construite une église au IXe siècle.

Vers 1130, les moines de l'abbaye Saint-Nicolas plantent des vignes sur les roches face aux îles de Béhuard, La Roche-aux-Moines, mais la vigne était déjà bien présente à Savennières comme en témoignent des textes du cartulaire de Saint-Serge, antérieurs à cette date : « Oger Bardoul de Champtocé (seigneur fondateur de l'église de Savennières) après qu'il ait donné avec d'autres, au monastère des saints martyrs Serge et Bach, l'église de Savennières donne aussi à Saint-Serge, après sa mort, la maison qu'il avait à Savennières, et trois arpents de vignes qui seront tenus des moines ».

Ses descendants font de même en cédant des droits sur la vigne aux dits moines « Geoffroy qui est alors par droit d'héritage, le seigneur du château de la Possonnière et principal fondateur de l'église Saint-Jacques qui s 'y trouve, donne en perpétuelle aumône, aux moines de Saint-Serge, trois parts de toute sa dîme en pain, vin, en légumes, les lamproies exceptées, sur tout son fief de La Possonnière. »

Les rois et les seigneurs sont aussi de grands viticulteurs

Lorsqu'Henri II, comte d'Anjou, accède au trône d'Angleterre en 1154, le vignoble angevin connaît un véritable essor car ses vins sont alors exportés vers la cour de Londres. Au XVe siècle, le Roi René encourage cette culture et dit-on, crée le clos de « Goutte d’Or » à l'ouest du bourg de Savennières

Roche-aux-MoinesAu XVIe, les vins de Loire connaissent un nouveau développement quand François 1er autorise en 1532 les Etats de Bretagne à maintenir, sur leur frontière d'Ingrandes, un droit de commerce avec l'étranger. Le montant élevé de ce droit favorise la production de vins de grande qualité.

Mais, en. 1577, un arrêt du parlement de Paris oblige les marchands de vins à s'approvisionner à moins de quelque quatre-vingts kilomètres de la capitale, portant ainsi un coup rude aux vins d'Anjou.

Au XVII eme, les grandes abbayes et les grands domaines, tel Serrant, plantent à tout va sur les coteaux du nord de la Loire, bien orientés vers le soleil, vers le sud : Bouchemaine, Savennières, Saint-Georges, Saint-Germain, Champtocé et Ingrandes.

Les meilleurs clos, producteurs des meilleurs vins, bien orientés et constitués des sols les mieux adaptés à la culture de la vigne, se situaient néanmoins sur la paroisse de Savennières.

A la veille de la Révolution, la population de Savennières (La Possonnière en faisait alors partie), comptait 2460 habitants et 1/3 du terrain était planté en vignes d'un excellent cru : plus de 1000 ha dit Célestin Port.

Comment « le Savennières » a-t-il émergé ?

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, il était en concurrence avec d'autres productions : le vin de Saint-Barthélemy-d’Anjou était considéré comme l'un des meilleurs jusqu'à la Révolution.

Au XIXe siècle, l'émergence du Savennières tient à un homme et à une maladie. L'homme, c'est Guillory l'aîné. Il avait une maison au village de la Roche-aux-Moines et des vignes sur Savennières qui lui venaient de sa belle-famille « Bellanger-Roussel ». Quant à la maladie, il s'agit du phylloxéra.

Plan cadastral

 

Maladie

le phylloxéra.

A partir de 1885, le phylloxéra, un insecte qui grignote les racines, détruit la quasi-totalité du vignoble angevin. Importé d'Amérique pour des essais de variétés de vignes américaines, cet insecte va coloniser tout le vignoble européen. Et bizarrement, les cépages américains ne sont pas sensibles au phylloxéra.

On a donc conservé les racines américaines et ajouté les rameaux français en pratiquant la greffe anglaise. Guillory le jeune (fils de Pierre-Constant) a créé en 1889 une pépinière départementale à Savennières pour alimenter la replantation du vignoble. Dès 1890, Pierre Viala (1859-1936) de l'Institut national d'agronomie, débute des expérimentations sur les porte-greffes à Savennières entre autres.

Gordon Pirie (1825-1901), propriétaire du Château de Varennes est le premier à replanter la totalité de son vignoble avec du « chenin » greffé sur « rupestris ».

A partir de 1893, une armée de greffeurs a préparé la plante pour ce vaste chantier. Puisqu'il faut 3 années minimum pour que le nouveau cep produise, les vignerons ont traversé alors une période difficile. La conséquence de la crise phylloxérique est que la grande majorité du vignoble sera replantée en cépage chenin. La replantation n'a été réalisée que dans les meilleurs clos, les plus rentables. C'est ainsi que de tous les coteaux de Bouchemaine à Ingrandes, ceux de Savennières ont survécu en priorité.

 

 

Le cépage « chenin »

Le nom de chenin a été cité, et semble-t-il pour la première fois, en 1534, par François Rabelais dans son « Gargantua » où l'on trouve cette phrase : « Et, avec gros raisins chenins, estuverent les jambes de Forgier mignonnement, si bien qu'il fut tantost guery ».

Ce nom viendrait du clos de Montchenin près de Cormery, où ce cépage aurait été introduit, cultivé et remarqué. Les analyses moléculaires et génétiques ne permettent malheureusement pas de dater son apparition mais montrent clairement que le chenin est un descendant (un semis) du savagnin et possède de nombreux demi-frères, comme par exemple le sauvignon ou encore le verdelho de Madère.

Aujourd'hui, c'est le seul autorisé pour les appellations Savennières.

Les possesseurs de vignes et le bail à complant

Jusqu'à la Révolution, la vigne était, en majorité, propriété éminente des abbayes, des seigneuries ou de riches bourgeois. A Savennières : * l'abbaye de Saint-Georges possédait de nombreux clos, la Richeraie, le Papegault, les Fougerets.

La seigneurie du Plessis-Macé, rachetée par Serrant en 1636, détenait les fiefs de Chamboureau, de Coulaines, de Lavau, etc...

Ces vignobles changeaient souvent de propriétaires ; ils faisaient l'objet de censifs précis (registres d'impositions) : par exemple, on peut citer un litige entre celui de la Roche-de-Serrant et celui de la seigneurie de la Possonnière à propos du clos de la «Goutte d'Or». On ne sait comment l'affaire s'est terminée

Vigne

Ce ne sont pas évidemment les abbés ou les seigneurs qui exploitent les vignes. Les clos sont loués aux vignerons ; on dit « baillés » ou « affermés ». L'un des baux le plus pratiqué, était le bail à complant.

La location avait une durée de 5 années, assortie de conditions précises : le vigneron plantait les ceps, effectuait toutes les façons culturales y compris la vendange. (On disait qu'il fallait « les cultiver en bon père de famille ») ; il remettait au propriétaire ordinairement un tiers ou un quart de la récolte (d'où l'origine du Quart de Chaume) ; à la fin du bail, soit la vigne était partagée en deux, soit le bail était prorogé.

Les appellations d'origine contrôlée

Durant la première moitié du XXe siècle, les viticulteurs ont cherché à protéger l'identité de leurs produits. Rien n'interdisait la commercialisation de vins sous des étiquettes diverses, y compris la tromperie sur la marchandise. Ce n'est qu'en 1947, que fut créé l'INAO, l'Institut National des Appellations d'Origine. Il créa les AOC, Appellation d'Origine Contrôlée.

Les appellations d'origine contrôlée identifient un produit, l'authenticité et la typicité de son origine géographique. Elles sont garantes de ses qualités et de ses caractéristiques, de son terroir d'origine, du savoir-faire du producteur.

C'est ainsi que les vins blancs de Savennières possèdent trois AOC : « Coulée de Serrant » « Roche-aux-Moines » et « Savennières ».

Chefs de chais et vignerons à Savennières

Aux XIXe et XXe siècles, certains domaines s'attachèrent les services de personnes compétentes pour exploiter les vignes et fabriquer les vins à la propriété. C'est à cette époque que se révéla, à Savennières, l'importance des « maîtres de chai ».

Ce sont eux, avec quelques vignerons indépendants, qui ont façonné le vin de Savennières tel qu'il est encore aujourd'hui vinifié, c'est-à-dire essentiellement en vin tranquillisé ou demi-sec.

Parmi ces personnages, et sans être exhaustif, on peut citer :

  • Albert GIRAUD, maître de chai du château de La Bizolière, propriété du baron Brincard, certainement le domaine viticole le plus important à Savennières.
  • Robert DAGUIN, maître de chai du château d'Epiré, propriété de la famille Bizard. Joseph CHOLET, qui travaillait au domaine du Closel.
  • Lucien ROUSSEAU, qui travaillait à Coulaines, propriété de M. et Mme François Roussier, et qui était un expert dans la vinification des cabernets rouges.
  • Eustache POILASNE qui avait la particularité de travailler au Domaine-aux-Moines, propriété de M. et Mme Laroche, et d'exploiter pour son propre compte le Clos-des-Perrières dont il était propriétaire, mais d'une superficie trop petite pour pouvoir en vivre complètement.
  • On peut ajouter le nom des frères ESNAULT, Louis et Gabriel, vignerons indépendants ; Louis ayant été de longues années distillateur ambulant chez les gens du village disposant du privilège de bouilleurs de cru.

Source :Histoire des Coteaux de Loire et de Maine par Louis Barrault

 

Pierre-Constant Guillory (1796-1878)

Il Est né à Angers le 7 août 1796, fils de Pierre-Jean Guillory, négociant, président du tribunal du Commerce d’Angers, et de Françoise-Marie Goubault

Élu le 23 juin 1854, il a pour principal titre d’admission une notice sur le marquis de Turbilly, qui avait été l’un des correspondants de l’ancienne académie de Nancy. Il a publié aussi comme secrétaire les Actes du Congrès scientifique tenu à Angers.

Il est président (« fondateur et âme ») de la Société industrielle d’Angers du département de Maine-et-Loire, membre ou correspondant de diverses sociétés savantes. Dans un domaine plus spécialisé, il a été à l’origine des Congrès de vignerons, dont le premier a eu lieu à Angers en 1842, les suivants à Bordeaux (1843), Marseille (1844), Dijon (1845), Lyon (1846), Colmar (1847).

Correspondant de la Société impériale et centrale d’agriculture de Paris, des académies de Florence, Turin, Dijon, etc., il a été un correspondant assidu de l’académie de 1854 à 1875. Il est décédé à Angers le 16 janvier 1878. Il était chevalier de la Légion d’honneur. [Jean-Claude Bonnefont]

Photo

Il fut adjoint au maire d'Angers, mais il est surtout connu pour ses travaux à la Société agricole et industrielle de Maine-et-Loire, dont il fut le fondateur et le président de 1830 à 1865.

Il lance le 12 octobre 1842, la première session des Congrès des vignerons de France, ayant pour but : « Le perfectionnement de la culture de la vigne et de la fabrication du vin ». Pierre-Constant Guillory, avec ses essais dans les vignes à Savennières, a réalisé un travail de sélection, de perfectionnement technique remarquable sur le vignoble et la fabrication du vin en privilégiant constamment la qualité à la quantité.

Guillory a, en particulier, testé la culture en terrasse. La parcelle d'essais, appelée « Coteau de Lausanne », qui existe toujours, est située à gauche de la route quand on monte la côte des Forges.

Elle a été replantée, il n'y a pas très longtemps.

Ce mode de culture a été repris depuis sur les coteaux du Layon.

C'est encore Guillory qui a inventé à Savennières le traçage des rangs de vignes ; un échalas marquait l'endroit où creuser le trou et installer le futur cep. Guillory, a également créé une école à la Roche-aux-Moines pour tester différents cépages. Mais, petit à petit, un cépage a dominé tous les autres : le chenin blanc appelé aussi pineau de la Loire.

 

 

 

Témoignage du vigneron, Lucien Rousseau

Travail « J'ai toujours été dans le vin, c'était ma vie. Savennières est une commune de châteaux (7 sont reconnus). Les propriétaires, très souvent des notables, à une certaine époque, refusaient de vendre leur production, ne serait-ce qu'une barrique. Ce sont les chefs de chais et des vignerons comme moi qui ont maintenu la réputation des vins de Savennières. C'était une belle époque, nous allions les uns chez les autres pour goûter et comparer nos vins. Chaque parcelle de terre donne au raisin un goût particulier et, par rapport à ça, nous avions beaucoup de barriques, maintenant, tout le jus de raisin est mis dans une grande cuve. Moi, je savais ce que désirait le client, particuliers, restaurateurs, clients belges ou anglais ; il passait à la propriété et goûtait pour choisir : « Ce n'est pas ce que je recherche, disait-il ; non ce n'est pas encore ça ; ah voilà celle-ci, c'est mieux ; redonnez-moi encore un peu de cette dernière barrique, c'est celle-ci que je veux ». J’étais content car il s'agissait en réalité de celle que j'avais, tout exprès, préparée pour eux. Goûter c'est un art. il faut un don, de l'expérience et de la concentration. Â Coulaines, il fallait goûter 50 barriques et c'était le cabernet rouge qui dominait, une singularité dans Savennières. Les techniques ont évolué et avec elles. les gestes, les pratiques, l'amour du métier. Pour tout vous dire, je regrette mon temps

Source:recueilli par Monique Clavreul, en l'an 2000

De l'élaboration du vin à sa commercialisation

La vendange

La cueillette des raisins s'est toujours faite à la main jusqu'au XXe siècle. Autrefois, on utilisait une serpette pour couper la grappe. Depuis la Révolution on utilise le sécateur, plus sûr. Le degré de maturité à la récolte dépend du type de vin recherché.

Pour les vins légers ou pétillants, la vendange sera précoce. Pour les vins puissants et alcoolisés, on poussera la maturation le plus loin possible. On parlera de pourriture noble, avec des raisins concentrés par le Botrytis Cinéréa.

Si dans des temps reculés, le panier d'osier recevait les grappes, il a été remplacé par des seaux en bois ou en métal. Et, jusqu'au XX' siècle, les portoires, d'une contenance d'environ 80 litres, permettaient le transport jusqu'à la cave.

Il nous faut parler du ban des vendanges. Autrefois, le ban permettait au seigneur d'éditer des règles de la vie économique, par exemple de réserver un monopole à ses installations, four ou pressoir banal.

Jusqu'à la Révolution, les vignerons devaient acquitter, en plus du cens et des journées dues aux vignes du seigneur, le vinage perçu sur la fabrication et le transport du vin. Ce droit onéreux semble avoir pour origine et avoir conservé pour prétexte, l'entretien et la réparation des routes qui n'en étaient pas pour cela moins mauvaises. On le percevait au profit des seigneurs.

Journées

De plus, le seigneur disposait du droit de banvin, droit féodal par lequel au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, seul le seigneur pouvait vendre son vin, dans sa seigneurie, pendant 30 ou 40 jours après le ban des vendanges.

Le vin vendu devait provenir des vignes du seigneur qui percevait aussi des droits de banalité pour son pressoir. (Au même moment les cabaretiers pouvaient continuer à vendre du vin, mais seulement aux étrangers.) Les contestations étaient nombreuses avec les employés de la Ferme générale chargés de percevoir les différentes « Aydes » sur le vin.

Le seigneur ne s'en privait pas. La rareté faisait monter les prix, qui s'écroulaient lorsque le vin des vignerons arrivait sur le marché. En 1789, dans la rédaction de son cahier de doléances, la paroisse de Savennières dans son article 5 demande la suppression des « Aydes » ou autre manière de percevoir des droits sur le vin et autre boisson:

 ban

Le ban des vendanges perdure : il fixe les dates des vendanges. Au XVIIIe siècle, les vendanges se faisaient toujours très tard, avec des raisins desséchés sur les fiefs de Lavau et La Guerche : en 1719 le 25 septembre mais en1721 le 13 octobre ; en 1767, le 28 octobre ; en 1770, le 4 novembre.

 

Guerche

 

Le travail en cave - le pressage.

On a tous en mémoire des images du foulage des raisins, pieds nus, dans de grandes cuves au Moyen-Age. Les abbayes se sont équipées très tôt de grands pressoirs à levier. Les petits viticulteurs utilisèrent la même technique, mais plus petite.

Ces petits pressoirs à levier s'appelaient des pressoirs casse-cou, à cause de leur dangerosité. Il n'y avait pas de cage pour contenir le raisin et il fallait découper le tout avec un coupe-marc. L'arrivée de la cage a été une grande découverte et on a vu fleurir les pressoirs verticaux à cliquets ou bien les horizontaux à plateaux mobiles entrainés par une vis sans fin.

C'est sur cette production de pressoirs qu'a commencé l'entreprise Vaslin. Les deux musées de Saint-Laurent-de-la- Plaine et de Saint-Lambert-du-Lattay possèdent de nombreux exemplaires des différents pressoirs.

La fermentation.

Elle permet la transformation du sucre du raisin en alcool. Pour les vins blancs, on lance la fermentation du jus seul, de suite après le pressage. Vin doux ou sec ? Il s'agit uniquement d'une fermentation poursuivie jusqu'à son terme pour le vin sec et arrêtée avant pour le vin doux. Au cours du temps, le Savennières a été produit en doux, sec, demi-sec ou pétillant

. Guillory commente ainsi le banquet offert le 31 août 1849 à Louis Bonaparte alors président de la République, par les exposants de l'Industrie nationale au jardin d'hiver: « Que peut-on désirer après les excellents rouges de Champigny (et) après les vins pétillants et généreux de la Coulée de Serrant... ».

Aujourd'hui, le sec est prédominant.

Le matériel de cave

Atelier

Le vin de cette époque a toujours été contenu dans du bois : tonneaux, cuves ; etc...

Les métaux et en particulier le fer provoque des maladies du vin (casse ferrique). La fabrication des tonneaux est l' oeuvre du tonnelier. C'était le compagnon par excellence du vigneron.

Chaque année, avant la vendange, il passait de cave en cave pour préparer ou réparer les fûts. Il partait en « campagne ». C'est le tonnelier qui fabriquait aussi les cuves, les portoirs et même les entonnoirs et les seaux en bois.

Tout ce travail s'effectuait manuellement. Il est intéressant de revoir les techniques et les outils de ce métier -en partie disparu.

La grande difficulté consistait à assurer l'étanchéité à la jonction entre le corps du tonneau et le fond.

La confection d'un tonneau commençait par la fabrication des douelles : à partir des merrains fendus dans des billes de chêne, le tonnelier sur son banc taillait chaque douelle en forme oblongue puis sur la colombe ajustait les côtés.

Les douelles assemblées en cône tronqué étaient mises à chauffer avec un feu placé au centre pour permettre de refermer le cône en forme de tonneau avec la bâtissoire sans faire éclater le bois.

En suite commençait la préparation de la jonction avec le fond. Avec l'asse, il formait une gorge appelée «pas d'asse» et aussi le chanfrein en extrémité.

Avec le jabloir, il faisait une rainure appelée jable qui allait recevoir le fond.

Le fond assemblé, puis découpé avec la scie à chantourner, voyait ses bords amincis par le tonnelier installé sur le banc avec la plane. Les fonds étaient alors introduits et les cercles, enfoncés à coups de marteaux avec une châsse, venaient serrer l'ensemble. Chaque tonnelier possédait son jeu de gabarits correspondant à la taille des tonneaux. A Savennières, avant et après la guerre, le tonnelier était Claude Marcé, maître artisan très réputé, bien au-delà des limites de la commune.

Son atelier se situait à l'angle de la rue Monsallier et de la rue du Puy Gauthier. Les merrains qu'il utilisait pour la fabrication des douelles étaient entreposés et mis à sécher sur un terrain situé « aux Noues » approximativement où le docteur Camut a installé son cabinet médical. Claude Marcé était un personnage, n'ayant jamais peur de proclamer haut et fort, ce qu'il pensait.

Il était aussi très fin pêcheur de carnassiers et à l'entrée de son atelier on pouvait admirer de magnifiques gueules de brochets naturalisés ; son épouse Marguerite exploitait un café jouxtant l'atelier, aujourd'hui disparu.

Avant la Révolution la busse contenait 230 litres et la pipe 480. Le transport se faisait avec des tonneaux. La mise en bouteilles se faisait à l'arrivée ou bien à la cave du viticulteur pour la consommation personnelle.

Quelques tailles de tonneaux : la barrique de 220 litres, la demi-barrique, le quartaut et le petit trente. Ils étaient très utilisés pour les livraisons. A la cave, il y avait le demi-muid de 500 à 650 litres.

Guillory

La commercialisation et les différents marchés

On peut, au cours des siècles estimer qu'il y avait trois types de marchés pour le Savennières : les rois, les étrangers et les locaux. Depuis le Moyen âge jusqu'à l’Empire, les rois de France aimaient beaucoup les meilleurs crus de Savennières. Les tonneaux chargés au port étaient acheminés dans les gabarres jusqu'à Orléans, et poursuivaient leur route jusqu'à Paris par les chemins puis par les canaux.

Deux marchés étrangers étaient friands de Savennières : les Anglais, on verra pourquoi plus loin et les Hollandais. On appelait ces vins les « vins de mer ». Les Hollandais étaient très organisés : ils avaient des comptoirs où ils réunissaient leurs achats de vins dans nos coteaux. Suivant l'époque, ils étaient installés aux Ponts-de-Cé, à Juigné ou à Chalonnes. Leurs bateaux de mer (flute) pouvaient remonter la Loire jusqu'aux Ponts-de-Cé.

Ils payaient la douane en passant à Ingrandes et livraient dans tout le nord de l'Europe. Le vin était aussi livré dans les auberges et cabarets de la région où il était vendu au pot. Tout un règlement définissait les heures d'ouverture de ces établissements et les récipients voyaient de temps à autre leur contenance mesurée par les officiers du roi. Gare à celui qui trichait ou qui vendait du vin durant le Saint-Office, la messe !

Les prix

Quelques indications sur la hiérarchie des Anjou et Savennières.

La Coulée de Serrant a toujours été classée au sommet de la hiérarchie des vins d'Anjou et même de France. Les dégustateurs des siècles passés distinguaient les Coulée de Serrant, Roche aux Moines, Savennières, la Possonnière, Pruniers, Epiré, Molière ( entre Epiré et Beaucouzé). En 1709, les vins de Faye, Rablay, Thouarcé, Epiré , Savennières valent pour une pipe de 480 litres, 50 livres ; ceux de Saint-Lambert et Saint-Barthélémy, 40 livres ; de Rochefort, Chaudefonds et d'autres autour de 20...

En 1753, le vin de Coulée de Serrant valait 37,50 F la pièce de 220 litres, le salaire d'une année d'un ouvrier.

La promotion

On peut se demander pourquoi le Savennières a acquis une telle renommée

Les grands personnages

Plantagenet

 

 

Henri II Plantagenet et ses fils Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre faisaient venir du Savennières à la cour d'Angleterre.

On comprend pourquoi, le marché du Savennières a perduré dans ce pays.

Philippe Auguste raffolait des vins d'Anjou

 

 

 

 

Roi

 

Louis XI, sans doute mis au parfum par son neveu le Roi René, était amateur de Savennières. N'était-il pas venu à Béhuard, en face ? Il avait donné à Ponthus de Brie, seigneur de Serrant, en 1481, le titre de seigneur de la Roche au Duc, ancien nom de la Roche-aux-Moines.

La Roche-de-Serrant échappait aux moines pour passer aux mains des maîtres du château de Serrant.

Louis XIV, passé à Serrant en allant arrêter le surintendant Fouquet à Nantes, a bu de la Coulée de Serrant dit-on.

Et même l'impératrice Joséphine se désaltérait avec du Savennières (la comtesse de Serrant était amie et dame d'honneur de l'impératrice Joséphine).

 

gastronome

 

 

Selon Curnonsky, célèbre gastronome angevin, la Coulée de Serrant ferait partie des cinq grands vins blancs de France avec Château Grillet, Montrachet, Château-Chalon et Château-d'Yquem. Voilà de grands ambassadeurs du Savennières.

 

 

Les foires expositions, concours et comices agricoles.

Dès 1858, les vignerons participent à des foires expositions. Ils participeront à l'organisation du comice agricole du canton.

A ces occasions, des concours de dégustation sont organisés. La présentation des vins permet de faire connaître le Savennières dans la proche région.

La presse, dans ses comptes rendus, fait connaître les meilleurs viticulteurs au niveau national.

Les confréries

Ecusson

 

Le vin courant a été longtemps une boisson désaltérante, mais les meilleurs vins ont toujours été synonymes de fête, de joie.

Fête pour les vignerons eux-mêmes, mais aussi pour leurs invités et leurs clients. C'est ainsi que naquirent les confréries vineuses. La Confrérie tient une ou deux fois par an un chapitre. Il commence par la cérémonie joyeuse de l'intronisation des nouveaux postulants et se poursuit par un immense banquet tout aussi joyeux.

Voici l'histoire de l'une des plus anciennes .chevaliers du sacavin

Parmi ceux qui contribuent à l'histoire de la vigne sur les coteaux de Loire et Maine, il est juste de citer les confréries vineuses et plus particulièrement la plus ancienne de France la Confrérie des chevaliers du sacavin .

Elle fut conçue sur les coteaux, à Saint-Georges-sur-Loire, sur une idée de M. de Grandmaison, député de Saumur, au cours du dîner que Camille Granger, conseiller municipal, offrait à ses amis, chaque année, le soir des courses de Serrant.

Le sacavin est le nom d'un petit tonneau dont le contenu désaltère le vigneron quand il travaille à sa vigne. L'inauguration officielle eut lieu le 1er octobre 1905 au château de Montreuil-Bellay. M. de Grandmaison en fut l'hôte et le prieur

 

Les Angevins de Paris

On ne peut écrire l'histoire du Savennières, sans évoquer ceux qui ont contribué à le faire connaître et apprécier, ou du moins quelques-uns :

Pensionnaire

le père Quillet est un de ceux-là. Un de ses cousins, Aristide Quillet est le coproducteur du dictionnaire de la langue française « Quillet-Flammarion ». La famille Quillet était originaire des Deux-Sèvres, où le grand-père était charpentier à Saint-Martin-de-Macon près de Thouars ; la famille de sa mère,

les " Belliard " était installée à Savennières depuis plus d'un siècle, son arrière-grand-père, né au Mesnil et son grand-père ayant été métayers puis rouliers à la Forestrie ; et c'est à Coulaines que Françoise Belliard, née le 23 février 1837, épouse Edouard Quillet le 22 septembre 1857. Leur fils Louis-Lucien Quillet est né le 23 mars 1876 à Angers ; il a passé sa jeunesse à Savennières « le jour de ma naissance, racontait-t-il, on me donna à boire une gorgée de vin sec et au lieu de pleurer comme cela arrive habituellement, je fis un très joli sourire... ».

En 1907, en passant rue du Four, à Paris, son attention fut attirée par un petit bistrot où à la devanture était affiché : " vin du Baugeolais, vin d'Anjou " ; il entra mais jura en sortant qu'il n'y reviendrait pas, tellement le vin d'Anjou qu'il avait bu ressemblait à de l'eau sucrée et pétillante... Or, peu de temps après, le bistrot était mis en vente, il décida de l'acheter et s'y installer pour vendre un véritable vin d'Anjou à l'exclusion de toute autre boisson, ni bière, ni apéritif. vin

On ne buvait que du vin de Savennières : le père Quillet venait faire sa tournée des vignobles deux fois par an en logeant « Au bon Coin ». Il choisissait les barriques qui lui plaisaient : il n'achetait qu'en barriques, de même qu'il ne vendait qu'en bouteilles.

La demi-bouteille, " la fillette ", n'apparaît sur les tables qu'après 1940. Le père Quillet ne se contentait pas seulement de servir le vin, il le décrivait, faisait découvrir aux clients les mérites comparés des différentes années et les mets avec lesquels le vin de Savennières dévoilait toutes ses qualités.

Il finit ses jours à Savennières et est enterré au cimetière de Savennières.

C'est au cours de ces longues soirées de dégustation, où les habitués donnaient leurs impressions et leurs préférences pour telle ou telle bouteille, que Henri Lognon écrivit :

Les Laudes du père Quillet

  • Le pèr 'Quillet est un bistrot qui vous fait voir la vie en beau : (bis)
  • Coulée d'Serrant et Roche-aux-Moines, il a d'quoi tenter Saint-Antoine.(bis)
  • Allez donc faire un tour au vingt-huit de la rue du Four !
  • Le pèr' Quillet est vigneron, quoique qu'en grogne l'ami Giron (bis)
  • S’il taillait la vigne à Coulaine dont son père tenait le domaine, (bis)
  • Puis a pioché Pasteur pour obtenir un vin meilleur Etc. . . .

Source :histoire des Coteaux de Loire et de Maine par Louis Barrault, Rémy Martin et Denis Mercie, avec la collaboration de l'équipe de recherche

tableau

 

31 Janvier 1954 :Fête de la Saint -Vincent à Savennières

Après Thouarcé et Brissac, c'est Savennières qui eut l'honneur de recevoir la confrérie des Sacavins à l'occasion de la fête de saint Vincent, patron des Vignerons.

La cérémonie se déroula suivant les rites traditionnels, c'est-à-dire cortège folklorique avec les représentants des différents crus de l'Anjou, suivis de l'illustre confrérie des Sacavins. Sous le soleil éclatant, malgré le froid très vif qui sévissait à Savennières, comme dans tout l'Anjou, le cortège prit le départ dans le parc des Lauriers, propriété de Mme de Grammont. On notait dans l'ordre, en tête, la fanfare municipale de Savennières, puis les représentants des différents crus des coteaux de la Loire avec leurs emblèmes vineux : ceux de Champtocé, de Montjean, de La Possonnière, de La Pommeraye et évidemment de Savennières.

Musique

Le cortège était rehaussé par la gracieuse présence des reines de la Vigne, toutes celles élues par l'Assemblée de tous les vignerons de l'Anjou à l'occasion de la « 42e Foire aux Vins » soit : Mlle Janine Barbault, de Thouarcé et ses demoiselles d'honneur et la reine de Savennières, Mlle Suzanne Guiffault et ses demoiselles d'honneur, Mlles Rolande Rabjeau et Lucienne Neil. Suivait M. du Closel, maire de Savennières et son conseil municipal et enfin la confrérie des Sacavins au grand complet .

La Population

En 1789, la paroisse de Savennières comptait 482 feux, soit 2169 habitants dont 677 seulement au bourg. Bouchemaine à la même date, comptait 157 feux et 706 habitants, Rochefort 530 feux et 2047 habitants, la paroisse d'Epiré, 105 feux, Béhuard 72 feux pour 324 habitants et Chalonnes 884 feux pour 3978 habitants. La Possonnière dépendait alors de Savennières qui était une grande paroisse.

La Natalité :

PopulationLes naissances ne peuvent être dénombrées qu'à partir des baptêmes transcrits sur les registres paroissiaux. C'était en effet le seul état civil existant alors. Dans ces conditions, les enfants mort-nés n'étaient pas inclus; on peut cependant les retrouver dans les actes de sépultures. Pendant longtemps auparavant, l'enregistrement a été plus ou moins bien fait, mais une ordonnance de Louis XIV en 1667, puis une de Louis XV en 1736, ont essayé d'y mettre bon ordre.

En général, l'enregistrement est correct en cette fin de XVIIIème siècle, et les oublis peu nombreux. 293 baptêmes ont été enregistrés pour la paroisse de Savennières entre 1785 et 1789, soit une moyenne de 59 baptêmes par an. Les naissances étaient beaucoup moins proches les unes des autres que l'on ne le croit généralement. L'intervalle moyen entre les naissances, pour ces 5 ans, est de 21 à 22 mois

. Une des raisons en est l'allaitement qui prolongeait la période de stérilité des femmes après l'accouchement. Dans ces conditions, lorsque le nouveau-né ne survivait pas, la naissance suivante était plus rapprochée. Le taux de natalité pour ces cinq années est de 34%, taux légèrement inférieur au taux national qui était alors de 39%. Il s'explique par la structure de la population. Il n'a pas été possible de retrouver le nombre moyen d'enfants par famille, la période de cinq ans sur laquelle a porté l'enquête n'étant pas assez longue.

On peut cependant noter que le nombre moyen de naissances par famille dans le royaume était de l'ordre de 6 à 7 enfants, seuls 2 ou 3 parvenaient à l'âge adulte. Les prénoms donnés le plus fréquemment étaient, pour les filles : Marie 22%, Jeanne 14%, Anne 10% et pour les garçons : Pierre 19%, François 15% et Jean 14%. Dans beaucoup des cas, les enfants portaient le prénom de leur père ou mère, beaucoup moins celui de leur parrain ou marraine.

Les naissances illégitimes étaient peu nombreuses. Tout au moins n'en relève-t-on que trois sur les cinq ans.

Le contrat de mariage :

Contrat

Très souvent, les futurs époux passaient contrat chez le notaire. Ces contrats nous permettent de connaître les droits des deux époux. Les clauses que l'on peut rencontrer ne varient guère d'un contrat à l'autre. Dans tous les cas, chacun des époux apporte une somme variable selon la richesse des parents. La somme de l'époux provient souvent des économies qu'il a pu réaliser; celle de l'épouse est constituée par une avance sur la succession de ses parents. Le régime choisi est toujours celui de la communauté, sauf pour les familles très aisées, noblesse, grands bourgeois

La communauté de biens commence le jour de la bénédiction. Ensuite, tous les biens qui seront acquis entreront dans la communauté. Lors de la dissolution du mariage à la mort de l'un d'eux, les biens iront aux héritiers, et le survivant gardera ses affaires personnelles et ce qu'il lui faut pour vivre. De même, l'époux s'engage à placer l'argent de sa future épouse de façon à lui constituer une rente.

Enfin, tous les contrats précisent que les dettes des époux n'entreront pas dans la communauté et que ceux-ci devront les acquitter sur leurs biens propres. Les droits de l'épouse sont donc garantis. Mais il ne faut pas oublier cependant que ceux qui n'ont pas de biens ne passaient pas devant le notaire et ne faisaient pas de contrat de mariage. Ces personnes nous échappent donc, et il ne nous est ainsi pas permis d'évaluer leur fortune, si maigre soit-elle.

Le veuvage :

En ce qui concerne le remariage, il est assez fréquent à la suite du veuvage qui est, à l'époque, sauf quelques très rares exceptions, la seule possibilité de rupture du couple. Il suit d'assez près la mort du conjoint, entre quinze et vingt mois environ. Il est en effet très difficile économiquement pour une veuve de rester seule, un peu moins pour un homme; mais reste le problème des enfants.

Ces remariages créent des familles où se côtoient des enfants de différents lits. Le remariage intervenait d'autant plus vite que le veuf ou la veuve était Jeune. Il ne faut pas pour autant en conclure que tous les veufs et veuves se remariaient. Il est évident qu'arrivés à un certain âge, environ cinquante-cinq ans, ils ne se remariaient pas. La mortalité : Autant que la naissance, la mort fait partie intégrante de la vie.

Comme pour les naissances, on peut dénombrer les sépultures retrouvées sur les registres paroissiaux. Là, encore, se pose le problème de l'enregistrement. Mais dans ce cas, ce sont surtout les sépultures d'enfants mort-nés ou décédés très jeunes qui sont le moins bien enregistrées. Cependant, à la fin du XVIIIème siècle, les données sont fiables, la marge d'erreur est considérablement réduite.

La paroisse de Savennières enregistre 229 sépultures pour les années 1785 à 1789, ce qui correspond à une moyenne de 46 morts par an. Le taux de mortalité est donc de 26,75%, très nettement inférieur au taux national qui est de 35,5%.

Le taux de mortalité infantile était très élevé mais cependant moins élevé, encore une fois que celui du Royaume, 24,5% contre 26,5%. Ces chiffres peuvent laisser penser qu'il ne faisait pas aussi mauvais vivre à Savennières que les cahiers de doléances peuvent le laisser supposer. Les gens ne vivaient pas aussi vieux que maintenant certes, mais certains atteignaient 80 ans et plus et ce n'était pas si rare qu'on pourrait le penser.

La moyenne de l'âge au décès, sans compter les enfants de moins de cinq ans, est de 53,25 ans, 51,5 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, mais ce dernier chiffre tombe à 40,8 ans en incluant les femmes qui mouraient en couche. Pour les femmes, en effet, le danger était surtout représenté par les accouchements et leur mortalité est importante dans la tranche 25-35 ans. Une fois passé le cap des naissances successives, elles couraient beaucoup moins de danger.

Les relations

La plupart des relations des paroissiens entre eux nous échappe. Elles sont en effet très difficiles à cerner étant donné qu'il n'en reste quasiment aucune trace écrite. On peut toutefois en connaître quelques-unes, notamment celles que l'on pourrait qualifier d'économiques. On les retrouve aisément dans les fonds des notaires à travers les actes de vente, d'échanges et les baux qui constituent la majorité des actes. Le bail est une location, soit d'une terre, soit d'une vigne, soit d'une métairie. Sa durée est fixée par le propriétaire dans la très grande majorité des cas pour cinq, sept ou neuf ans.

Les fêtes religieuses servent de point de repère, la Toussaint surtout. Le bail, en plus du prix du loyer qui varie selon la valeur du bien, comporte un certain nombre d'obligations pour le ou les preneurs. Dans tous les cas, ceux-ci doivent entretenir "en bon père de famille" le bien qu'ils prennent en location. Lorsqu'il s'agit de terres, ils doivent les labourer, les engraisser et les semer avec de la bonne semence, de bonne qualité. Les vignes, elles aussi, doivent être entretenues et les preneurs doivent les façonner.

Souvent, ils doivent en plus fournir un ou plusieurs hommes pour les vendanges des vignes du propriétaire, et cela sans aucun salaire ni nourriture. Quelquefois le propriétaire leur demande le transport de son vin, l'entretien du pressoir. De même, dans certains cas, le propriétaire leur demande, en plus du loyer, des produits de la ferme, aussi bien du "bled" que des volailles, du beurre ou du lait. Les preneurs n'ont jamais le droit de couper d'arbres; quant au problème du foin, cela dépend du bailleur qui le leur laisse, ou pas, selon les cas. Les ventes comptent beaucoup moins d'obligations que les baux, De même, elles se font beaucoup plus entre gens de la paroisse. Elles ne portent que rarement sur des biens importants. Les actes de vente concernent beaucoup plus des pièces de vigne que des terres ou des maisons. Les prix varient selon la taille et la valeur.

Dans tous les cas, l'acheteur s'engage à payer les droits seigneuriaux de la terre. C'est toujours stipulé dans les actes, car les droits font partie de la vie des gens et sont relativement importants. Quelquefois le nom du seigneur est indiqué, ce qui nous permet de connaître les seigneuries : le premier seigneur est le comte de Serrant, mais il y a également le seigneur de la Guerche, qui est un ecclésiastique, Monsieur de Romain seigneur de la Possonnière, etc.

L'acheteur entre, en général, en possession du bien, le jour de l'acte. Les actes d'échange sont un accord passé devant le notaire, non une vente. Il s'agit d'échanger une pièce de terre ou de vigne. La raison de l'échange n'est jamais expliquée, mais on peut penser que c'est un moyen pour ces gens de regrouper leurs terres en un seul tenant, une sorte de remembrement. Les nouveaux propriétaires acceptaient les terres avec tous les droits seigneuriaux. La plupart des échanges concernaient la vigne. Il n'y a aucune transaction en argent. La constitution de rente est une autre sorte d'acte que l'on trouve chez le notaire.

Elle consistait, en général, à vendre un bien en échange de quoi, les acheteurs, au lieu de donner le prix à l'achat, versaient une rente tous les ans. C'était un moyen pour l'ancien propriétaire d'avoir un revenu fixe et sûr tous les ans. La rente pouvait être constituée aussi contre un prêt d'argent. Au lieu de rembourser le prêt en une ou plusieurs fois, on remboursait en versant tous les ans une somme. Dans l'un ou l'autre cas, la somme était fixée le jour de l'acte et ne changeait plus ensuite. La solidarité existait, ainsi qu'on peut l'apercevoir à partir de quelques actes peu nombreux. Il s'agissait dans la plupart des cas, d'une personne malade, homme ou femme, ne pouvant pas subvenir seule à ses besoins. Elle s'entendait avec des parents, plus ou moins proches. Ceux-ci la prenaient avec eux, en échange de quoi elle leur laissait tout ce qu'elle possédait.

Source : histoire des Coteaux de Loire et de Maine

 

Les problèmes économiques et humains :

En résumé, on peut dire que l'évolution des baptêmes, mariages et sépultures nous montre une population avec un solde positif pour les années 1785-89. Le nombre des baptêmes et des sépultures est assez régulier variant, pour les baptêmes, de 51 à 69, pour les sépultures de 33 à 52. Le nombre des mariages, quant à lui, est beaucoup plus irrégulier, allant de 9 à 26. En fait, le nombre des mariages dépendait beaucoup des conditions économiques. On peut donc en conclure que la paroisse de Savennières était relativement riche. En effet, selon le tableau général du district de Saint-Georges-sur-Loire, elle était la plus taxée de ce district, Elle payait au total environ 16 200 livres. En 1789, il y eut une petite diminution, sauf pour la taille qui était le principal impôt avec la gabelle.

La paroisse était assez repliée sur elle-même. En 1788, les députés du bureau du district envoyèrent une enquête aux syndics de la paroisse. A la question " Quelles sont les bornes de la province dans le district ?, les syndics répondent "on ne connaît pas les paroisses, ni le district, il nous est impossible de répondre" Cependant toujours dans la même enquête, ils demandent que l'on termine le chemin qui rejoint celui d'Angers à Nantes. Suite à cette demande, les gens vont se mobiliser. Le 4 avril 1789, une lettre est adressée aux membres de la commission intermédiaire pour demander que l'on répare les "parties défectueuses" inutilisables, Il est précisé que l'intendant en a reconnu la nécessité et qu'il a même accordé des fonds pour les travaux.

Les propriétaires riverains demandent que la commission accorde l'argent et offre une participation de 1000 livres, Le 9 juin 1789, la commission propose d'octroyer 1500 livres sur les 2000 livres demandées, Si les paroissiens tiennent tant à la réfection de ce chemin , c'est qu'il serait "très utile au commerce, notamment pour le transport des vins, bleds, bois de fagot et de marine".

Quant à la proximité d'Angers, elle ne se retrouve pas beaucoup dans la vie de la paroisse, si ce n'est dans les parrains et marraines de certains enfants et dans quelques baux de ferme où les propriétaires habitent Angers. Pour terminer ce tableau par les remarques des syndics sur l'état de la paroisse en 1789, notons que les questions sont en désordre et concernent des sujets très différents les uns des autres.

Bien sûr, on se plaint que la paroisse est trop taxée. Il est fait état de 15 privilèges en 1787 : 4 nobles, 5 ecclésiastiques, 6 d'usage, 8 d'emplois. On demande aussi un agrandissement de l'église, car la moitié des fidèles est obligée de rester dehors. Au niveau de la vie agricole, il y a un haras, situé en limite de Saint-Georges, à la Rousselière, sous le moulin de la Roche, mais la paroisse ne possède aucune bête à laine car il n'y a aucun pâturage pour elles.

Quant à ce que l'on pourrait appeler la médecine, la paroisse avait une sage-femme qui avait suivi des cours à Angers (tournée de Madame De Coudray, juin 1778) et 2 chirurgiens "habiles". Dans les deux cas, les syndics déplorent que des femmes et des hommes sans formation s'occupent d'accouchements ou "se mêlent de la chirurgie et vendent des remèdes sans qualité" d'où de nombreux accidents. Ils demandent que l'on réprime ces abus, et qu'on empêche ces gens d'exercer. Enfin, il y avait le grave problème des pauvres

. Selon cette même enquête, en 1788, la paroisse compte 135 familles de pauvres. Les syndics l'expliquent par le fait qu'il y a beaucoup de vignes faibles et pourries, donc beaucoup de journaliers ne gagnant que 12 à 15 sols par jour et ils ne sont pas occupés tous les jours. Cela ne suffit pas pour nourrir leur famille et leurs enfants. Ils envoient les enfants mendier aux portes et même certains, selon eux, s'y complaisent.

Pour empêcher cela, les syndics proposent de soulager les vrais pauvres en allant leur verser les aumônes chez eux. Ils envisagent la nécessité d'un bureau d'administration et d'employer les fondations distribuant des dons aux pauvres.

Le très important travail d'Anne Billot sur la paroisse de Savennières entre 1785 et 1789 à partir des registres paroissiaux, série C (impôts) et des actes déposés aux Archives Départementales de Maine-et-Loire a servi de base à ce texte Source :Histoire des Coteaux de Loire et de Maine

Actes Notariés

1522-Thomas GAUDIN vend une planche de vigne Jacques Lefrançois acquiert une planche de vigne, Savennières

1522 et c’est encore une minuscule vente, si ce n’est que la vigne de Savennières est une terre plus chère qu’ailleurs, car la vigne est toujours un peu plus chère, et celle de Savennières renommée.

Le 22 mars 1521 avant Pasques (donc le 22 mars 1522) en la cour du Roy notre sire à Angers (Nicolas Huot notaire Angers) personnellement estably Thomas Gaudin demourant en la paroisse de Sapvonnières ainsi qu’il dit soubamectant etc confesse avoir aujourd’huy vendu et octroié et encores etc vend et octroie dès maintenant et à présent à tousjours mais perpétuellement par héritaige à Jacques Le Franczoys maczon demourant en la paroisse de St Maurice d’Angers qui a achacté pour luy et Guillemine sa femme leurs hoirs etc une planche de vigne avecques toutes et chacunes ses appartenances et dépendances, assise au cloux du Mortoron soubz le Vaurichart en ladite paroisse de Sapvonnières joignant d’un cousté à la vigne de Jehan Grandière et d’autre cousté à la vigne de Pierre Pavy aboutant d’un bout aux vignes de feu Jehan Demoraint et d’autre bout le grant chemin par lequel l’on va de Laleu à Montigné ou fyé du seigneur de Bouzil et tenu de là aux debvoirs anciens et acoustumez non excédant neuf deniers tz de debvoirs paiables aux jours accoustumés et ce pour tous debvoirs et charges quelconques transportant etc. et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 7 livres 5 sols tz paiés baillés et nombrés content en notre présence et à veue de nous par ledit achacteur audit vendeur qui les a euz et receuz en monnaie de douzains dont il s’en est tenu par davant nous à bien paié et content et en a quicté et quicte ledit achacteur et a promis ledit vendeur faire lyer et obliger Jehanne sa femme à ce présent contrat et iceluy luy faire avoir agréable et en rendre et bailler à ses despens lettre vallable de ratiffication audit achacteur dedans la feste de Penthacouste prochainement venant à la peine de 50 sols de peine commise à applicquer audit achacteur en cas de deffault ces présentes néanmoings demourans en leurs force et vertu à laquelle vendition et tout ce que dessus est dit tenir et accomplir etc et à garantir etc et aux dommages etc oblige ledit vendeur soy ses hoirs etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc préents ad ce Thomas Grenier de la paroisse de Sapvonnières et Charles Huot clerc demourant à Angers tesmoings etc fait et donné à Angers en la rue st Jehan Baptiste les jour et an susdits et a esté mis en vin de marché à faire et passer ces présentes du consentement desdites parties la somme de 7 sols 6 deniers tournois

1531-Vincent Chauvigné prêtre chapelain de la chapelle de la Forestie

Le 8 décembre 1531 en la cour du Roy notre sire à Angers (Huot notaire Angers) personnellement establyz maistre Guillaume Pancelot licencié ès loix advocat audit lieu et Anne Breslay sa femme suffisamment auctorisée par devant nous par sondit mary quant à ce et chacun d’eulx seul et pour le tout sans division etc confessent avoir vendu céddé délaissé et transporté et encores etc

…à missire Vinvent Chauvigné prêtre chapelain de la chapelle ou chapelenie de la Foresterye en la paroisse de Sapvennières qui a achapté pour luy comme chapelain de ladite chapele et pour ses successeurs chapelains d’icelle deux quartiers de vigne à la mesure dudit lieu de Sapvennières sis et situés au cloux de vigne appellé la Goutte d’Or tout ainsi qu’ils se poursuivent et comportent joignant lesdits deux quartiers d’ung cousté à la vigne de ladite chapelenie d’autre cousté aux vignes des hoirs feu Jehan Marays abutant d’ung bout aux vignes du sieur la Tousche Cadu et de la Forresterye juge d’Anjou et d’autre bout aux vignes du sieur de Boysrobert lesdits deux quartiers de vigne sis et situés ès fiefs et seigneuries dont ils sont tenus aux debvoirs et charges anciens et accoustumés pour tous debvoirs et charges sans plus en faire. transportant etc et est faite ceste présente vendition pour le prix et somme de 71 livres tz poyés comptés et nombrés en notre présence et au veue de nous par ledit achapteur audit nom auxdits vendeurs qui icelle somme ont prise eue et receue ès espèces qui s’ensuyvent c’est à savoir en 12 escuz d’or au merc du soleil, 4 ducatz, un escu couronne, ung double ducat, ung royal, ung angelot, ung noble à la rose, une maille de Horme et 3 impérialles le tout d’or bons et poids, 10 livres tournois en testons et le soureplus en monnaie de douzains le tout ayant cours, laquelle somme de 71 livres es espèces dessus dites lesdits vendeurs se sont tenuz à bien poyés et contens tellement qu’ils en ont quicté et quictent ledit achapteur et tous autres et laquelle somme de 71 livres pour ledit principal prix dudit acquest ledit chapelain a baillée et fournie des deniers de ladite chapelenie venuz et yssuz d’anciennes choses héritaulx autrefois acquises au profit d’icelle chapellenye o condition de grâce de recourcer dedans certain temps au moyen de laquelle grâce dedans ledit temps lesdites choses auroient esté recoussées et les deniers d’icelle rescousse mis ès mains dudit chapelain et le soureplus de ladite somme de 71 livers que lesdits deux quartiers de vigne ont cousté et coustgent par ce présent contrat ledit chapelain la baille donne et fournyt pour estre et demourer pour luy et ses parens et amis vivant et trépassés ès prières et bienfaits de la chapelenie auxquelles choses dessus dites tenir etc et lesdites choses vendues garantir etc par lesdits vendeurs et chacun d’eulx etc audit achapteur et ses successeurs chapelains de ladite chapellenie etc oblige et obligent lesdits vendeurs et chacun d’eulx seul etc renonçant etc et par especial au bénéfice de division et au droit dit généralement renonciation non valoir ladite femme au droit vellyen à l’espitre de divi adryani et à tous autres droits faits et introduits en faveur des femmes elle de nous sur ce suffisamment etc foy jugement et condemntion etc présents à ce Me Jehan Menard praticien en cour laye à Angers et Colas Crespellier paroissien de Sapvonnières tesmoings

Acte

1545-Échange d’une maison contre un demi quartier de vigne, Savennières,

La vigne était autrefois une terre de grande valeur, surtout lorsque le vin y était meilleur qu’ailleurs, comme c’est le cas à Savennières en 1545, et aujourd’hui encore… En Anjou, le quartier de vigne représente 4 boisselées de vigne, soit 24,31 ares. (M. Lachiver, Dict. du Monde Rural, 1997) Dans l’acte qui suit nous découvrons que le demi-quartier de vigne au clos des Fougerets à Savennières, soit 14,15 ares, vaut le prix d’une maison avec chambres hautes, et avec jardin, située au bourg de Savennières.

C’est dire le prix de cette vigne ! Le 18 septembre 1545 en la court royal d’Angers endroit par davant nous Marc Toublanc notaire d’icelle court personnellement establys chacun de nobles personnes Françoys Rousseau Sr de la Devansaye et de Marcé et damoyselle Renée de la Bahoutière son espouse demeurant en la paroisse de Marans près Segré, et vénérable et discret maistre Jehan Pappiau prêtre curé de la cure et église parochiale de saint Martin du Fouilloux demeurant en la paroisse de Sainct Pierre de Sapvennières, soubzmettant respectivement chacun d’eulx seul et pour le tout sans division de personne ne de bien eulx leurs hoirs etc confessent etc avoir aujourd’huy fait et encores font entre eulx les marchés d’eschange et contreschange de choses héritaulx qui cy après s’ensuyvent c’est à scavoir que ledit Sr de la Devansaye et ladite damoiselle sa femme ont baillé quicté ceddé delaissé et transporté et encores baillent quictent cèddent délaissent et transportent audit Pappiau à ce présent et acceptant pour luy ses hoirs scavoir est une maison et murailles d’icelles avecques ses appartenances et déppendances tant hault que bas en long et en large comme elle se poursuite et comporte avecques ung jardin dépendant d’icelle le tout sis et situé en la paroisse et bourg dudit Sapvennières ladite maison joignant d’un cousté et aboutant d’ung bout au jardin dudit Pappiau d’autre bout à l’appenti déppendant en partie dudit lieu d’autre cousté à ung petit chemyn tendant de la maison Marais à celle dudit Pappiau, ledit jardin joignant d’un cousté et d’un bout au pressoir et jardrin de masitre Jehan Lecains d’autre cousté aussi au jardrin dudit Pappiau et des hoirs feu Macé Dufay d’autre bout au chemyn tendant du puy de la grand rue dudit Sapvenieres au prieuré de Saint Remy et tout ainsi que lesdites choses ont esté tenues possédées et exploitées tant par ledit Rousseau sadite espouse que autres prédecesseurs et les closiers et fermiers d’iceluy Rousseau, au fief et seigneurie dudit Sapvenières et tenues lesdites choses à 2 boisseaux d’avoyne et 3 deniers de cens rentes ou debvoirs pour tous debvoirs et charges quelconques payables par chacuns ans au jour et terme Notre Dame Angevine , et en récompense et contreschange desdites choses susdites ledit Pappiau a baillé quicté ceddé délaissé et transporté et encores baille quicte cèdde délaisse et transporte auxdits Rousseau et sadite espouse, lesquelz à ce présent ont prins et accepté prennent et acceptent pour eulx leurs hoirs etc ung demy quatrier de vigne sis et situé au cloux de vigne appellé les Fougeretz ledit demy quartier de vigne vingtquatriesme appellé la Bataille joignant d’un cousté aux vignes Jacques Favery d’autre cousté au chemyn tendant des moullins cavier Legay au Vignerets d’un bout aux terres du sieur de Varennes Tillon et d’autre à la vigne des hoirs deffunts Michel Dolleux et tout ainsi que ledit demy quartier de vigne a esté par davant acquis par ledit Pappiau de deffunt Jehan Pochin en son vivant demeurant à Sainct Georges et comme iceluy Pappiau l’a exploité possédé au fief et seigneurie dudit sieur de Varennes Tillon et tenu d’icelle avecques deux autres quartiers et demy de vigne à 2 solz 11 deniers par chacun an au jour et terme d’Angevyne pour tous debvoirs et charges quelconques transportant etc auxquelles choses dessus dites eschange et contreschange et tout ce que dessus est dit tenir, lesdites choses baillées et transportées de l’une partie à l’autres en eschange et contreschange garantir etc obligent lesdite sparties respectivement l’un vers l’autre chacun d’eux seul et pour le tout sans division de personne ni de biens leurs hoirs etc renonczant etc foy jugement condemnation.

fait et passé audit bourg de Sapvennières ès présence de honnestes personnes Pierre Duvau et Pierre Le Maczon demeurant scavoir ledit Lemaczon au bourg dudit Sainct Georges ledit Duvay audit bourg de Sapvenières

Source : Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E2

1550-Contrat de mariage de Noël Leroy et Perrine Fouquet, Savennières

le 14 juin 1550 (Toublanc notaire royal Angers) comme en traitant parlant et accordant le mariage estre fait et accomply entre chacun de Noel Leroy maréchal fils de Michel Leroy et de Mathurine Ampbeufz d’une part et Perrine Fouquet fille de défunt (blanc) et Gillette d’autre part et auparavant que aucune bénédiction nuptialle ayt esté faite entr eulx ont faict les accords promesses de mariage ainsi que s’ensuit c’est à savoir qu’en la cour royale d’Angers endroit par devant nous Marc Toublanc notaire de ladite cour personnellement establys ledit Leroy demeurant forsbourgs Saint Michel de ceste ville d’Angers et ladite Foucquet demeurant en la paroisse de Menes ?? et Pierre Forgecieux barbier et cirurgien demeurant en la paroisse de Saint Pierre de Sapvenières à ce présent

soubzmectant lesdites parties d’une part et d’autre eulx leurs hoirs etc confessent etc c’est à savoir que lesdits Leroy et Perrine Foucquet futurs conjoints ont promis prendre l’un l’autre en mariage à condition que notre mère ste église se y accorde

en faveur et contemplation duquel mariage ledit Forgecieux a promys bailler et payer auxdits Leroy et Foucquet la somme de 30 livres tz payable savoir au-dedans le jour de leur espousailles 20 livres tournois et le reste montant 10 livres tournois dedans le jour et feste de Pasques prochainement venant à peine de tous intérests en cas de défaut ces présentes néanmoins demeurant etc

moyenant laquelle somme ledit Gorgecieux est et demeure quicte envers lesdits futurs conjoints qui l’ont quicté et quictent tant luy que ses hoirs tant de l’entremise faite auparavant ce jour des biens tant meubles que héritages de ladite Foucquet ensemblement de tout le temps passé jusques à huy combien que ils ne soient cy spéficiés ni déclarés

et par ces mesmes présentes lesdit Forgecieux a asseuré et asseure audit Leroy futur conjoint ladite Fouquet avoir valant en héritages la somme de 40 sols tz de revenu annuel situés en ladite paroisse de st Georges sur Loire, et a promys autant en bailler et payer pour l’année prochaine advenir commenczant au jour de Toussaints prochainement venant au cas que lesdits futurs conjoints n’en trouveroient ladite somme de 40 sols aussi a promys ledit Gorgecieux bailler et fournir oultre ce que dessus à ladite Foucquet ung chapperon de drap noir à son usage dedans ledit jour des espousailles

et de ce que dessus lesdites parties sont demeurées à ung et d’accord tellement que à icelle tenir payer ladite somme et autres charges etc de toutes pertes intérests obligent chacune desdites parties eulx leurs hoirs etc et par especial ledit Forgecieux ses biens à prendre vendre etc renonçant etc mesmes ladite Foucquet au droit velleyen et à tous autres droits etc foy jugés et condemnés par le jugement et condemnation de ladite cour

ce fut fait et passé en ceste ville d’Angers ès présence de discrete personne missire Jehan Desprez prêtre, Pierre Aumon, Jehan Garnier mareschal et Jacques Meignan tous de meurant en ladite ville tesmoins

1565- Jean et Guillaume Cady engagent des vignes, Savennières

Le 10 janvier 1565 en notre cour royale d’Angers endroit par devant nous Jehan Legauffre notaire d’icelle personnellement establiz honnestes personnes Jehan Cady mamrchand demeurant en ceste ville d’Angers paroisse de la Trinité et Guillaume Cady aussi marchand demeurant à la Roche au Gué paroisse d’Espiré, chacun d’eulx ung seul et pour le tout sans division de personnes ne de biens leurs hoirs etc confessent avoir vendu etc et encores etc vendent quitent etc perpétuellement par héritage à honneste homme Jehan Boursier marchand demeurant à Sapvenières à ce présent et lequel

a achapté et achapte d’eulx pour luy ses hoirs etc deux quartiers de vigne ou environ sis au cloux de Treilleavoyne dite paroisse de Sapvennières joignant d’un costé la vigne dudit Boursier d’autre à la vigne les enfants de Guy Virdoux abouté d’un bout à la vigne de Me Jehan Letessier d’autre bout (blanc) l’autre joignant d’un costé à la vigne appartenant aux enfants de François Lanfry d’autre costé à la vigne de Jehan Dapvrillé abouté d’un bout à la vigne de Me Jehan Apur ? ; Item ung quartier de vigne sis au cloux des Hunaudières en ladite paroisse joignant d’un costé et abouté d’un bout audit Boursier d’autre costé au sieur de la Treille et d’autre bout au grand chemin tendant de Varennes à Merlay ?

et tout ainsi que lesdits vignes avec leurs appartenances se poursuivent et comportent sans aucune réservation, tenus iceux quartiers ou fief de Serrant et le reste ou fief de la Guyartye aux charges et debvoirs anciens et accoustumés paiables aux termes accoustumés franches et quites du passé, transportant etc fait ladite vendition moiennant et pour la somme de 150 livres tournois payée contant et manutellement par ledit achapteur auxdits vendeurs qui l’ont eue et receue en présence de nous en espèces d’or et monnoye à présent ayant cours selon l’ordonnance et dont etc, o grâce donnée par ledit achapteur auxdits vendeurs et par eulx retenue de pouvoir rescourcer lesdites choses du jourd’huy jusques à trois ans prochainement venant en rendant ladite somme et payant les frais et mises raisonnables, à laquelle vendition tenir etc garantir etc dommages etc obligent lesdits vendeurs eulx et chacun d’eulx ung seul etc renonçant etc foy etc

fait à Angers présents Jehan Guillopé marchand demeurant Angers et François Goullay marchand demeurant en la paroisse de la Rouaudière tesmoings

le bail à ferme

Ledit jour en ladite cour fut présent Jehan Boursier demeurant à Sapvenières d’une part et lesdits Jehan Cady et Guillaume Cady d’autre deuement establis et soubzmis lesquels ont fait par entre eulx le marché de ferme qui ensuit, c’est à savoir que ledit Boursier a baillé et baillé auxdits les Cady qui de luy ont pris audit tiltre et non autrement du jourd’huy jusques à 3 ans prochainement venant … pour la somme de 12 livres tz paiable à la fin de chacune desdites année

1608- Jean Cupif et Robert Delhommeau Savennières échange de parcelles :

Le 18 mars 1608 avant midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers furent présents et personnellement establys noble homme Jehan Cupif sieur de la Robinaye demeurant en ceste ville paroisse st Maurice d’une part, et honorable homme Robert Delhommeau demeurant en la paroisse de Saint Sulpice près Château-Gontier tant en son nom privé que comme père et tuteur naturel des endants de luy et de deffuncte Michel Brecheu d’autre part :

lesquels ont recogneu et confessé avoir ce jourd’huy fait et font entre eulx les contrats d’eschange et conteschange en la forme et manière qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Cupif a baillé et baille par ces présenes à toujours perpétuellement par héritage et promet garantir de tous troubles et empeschements audit Delhommeau esdits noms ce acceptant la moitié par indivis d’une petite chambre de maison ou estable couverte de genests appellée la Rogerye l’autre moitié appartenant audit Delhommeau ;

Item la totalité d’une grande caille de jardin y joignant et aboutant icelle maison et jardin la maison et jardin dudit Delhommeeau ; Item ung autre caille ou lopin de jardin situé au hault jardin de la Rogerie joignant des 2 costés et aboutant d’un bout les jardins et terre dudit Delhommeau d’autre bout les jardins dépendants de la closerie du Puidz contenant lesdits 2 cailles de jardin cy dessus une boisselée de terre ou environ ; Item 12 planches de terre qui souloyent estre en vigne situées au cloux ou pièce appellée les Grandes Rivières en divers endroits contenant 6 boisselées ou environ, aboutant d’un bout au chemin tendant du village de la Grifferye à Saint Martin du Fouilloux et d’autre vout aulx prés dudit village de la Grifferye que ledit Delhommeau a dit bien cognoistre, toutes les choses cy dessus situées en la paroisse de Savennières et tout ainsy qu’elles se poursuivent et comportent avecq leurs appartenances et dépendances et qu’elles sont escheues

et advenues audit Cupif de la succession de deffunte Marye Cupif sa sœur, sans rien en excepter ne retenir ne réserver, et pour contreschange ledit Delhommeau esdits noms a baillé et baille perpétuellement par héritage et promis garantir audit Cupif ce acceptant un lopin de terre labourable contenant 4 boisselées et demie ou environ situées en la pièce des Petties Rivières dite paroisse de Savennières, joignant des 2 costés la terre dudit Cupif aboutant d’un bout le chemin tendant dudit village de la Grifferie à Saint Martin du Fouilloux et d’autre bout aulx prés de (blanc) et 6 à 7 boisselées de terre ou envirion en 4 ou 5 endroits en la pièce de terre appellée la Vallée paroisse de Saint Martin du Fouilloux près le village de la Fourmallière que ledit Cupif a dit bien cognoistre et déclaré le surplus de ladite pièce de terre luy appartenir fors une planche ou 6 seillons qui appartiennent aulx Bains, et tout ainsi que lesdites choses se poursuivent et comportent leurs appartenances et dépendances, et que ledit Delhommeau

a accoustumé d’en jouir sans aulcune chose en excepter retenir ne réserver, à la charge des parties de tenir les choses qui leur demeurent par ces présentes du seigneur de fief dont elles sont tenues et en payer et acquiter pour l’advenir les cens rentes charges et debvoirs tant par bled que argent, que les parties adverties de l’ordonnance ont vérifié ne pouvoir au vray déclarer quite des arrérages du passé, transportant etc et d’autant que les choses baillées par ledit Cupif audit Delhommeau vallent mieux que celles que ledit Delhommeau baille audit Cupif, iceluy Delhommeau luy a payé et baillé pour ladite plus vallue la somme de 6 livres qu’il a eue prise et receue en présence et à veue de nous dont il s’est tenu à contant et en a quité et quite ledit Delhommeau lequel outre a consenti que ledit Cupif prenne et fasse desraciner à ses despends un grand armel ? qui est en la pièce de terre appellée la Rogerye près les maisons par indivis cy dessus déclarées pour que le bled à présent ensepmancé soit récolté, ce qui a esté stipulé et accepté par lesdites parties, auquel présent contrat et ce que dessus tenir etc et aux dommages obligent lesdites parties respectivement mesme ladit Delhommeau esdits noms et qualités et en chacun d’iceulx seul et pour le tout sans division etc renonçant etc et par especial aulx bénéfices de division de discussion et d’ordre foy jugement et condemnation etc fait et passé audit Angers maison dudit Cupif en présence de Sacarye Gazeau et Adrien Richeu praticien demeurant Angers tesmoings, et a ledit Delhommeau promis et promet fournir et bailler audit Cupif les contrats et titres qu’il a concernant les dites choses cy dessus baillées .

Source Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E8

1627-René SIRET pêcheur demeurant à Savennières

a vendu des biens à Silvestre Mabit, mais n’a pas la ratification de son épouse : Son épouse, Marie Boisard, devait ratifier la vente en vertu de la minute du notaire qui l’a passée. Mais elle décède illico, et donc plus de ratification. L’acquéreur, Silvestre Mabit, inquiet quant à ses garanties faute de ratification obtient que René Ciret lui fournisse une caution solid

Le 17 juillet 1627 avant midy (Guillaume Guillot notaire royal à Angers) comme ainsi soit que par contrat passé par Mathurin Hommeau notaire de la chastelennie de Serrant le 16 mars dernier René Siret le jeune, pescheur, demeurant au Mortier Louis paroisse de Sapvenières, eust vendu à Silvestre Mabit marchand Angers certaines choses héritaulx

y mentionnées pour la somme de 227 livres 4 soulz, et qu’il en auroit lors esté payé content 27 livres 4 souls et le surplus montant 200 livres tz ledit Mabit demeurait chargé le payer 10 jours après qu’iceluy vendeur auroit fourni de ratification vallable de deffunte Marie Boysard sa femme du contrat de vendition que sondit mary avoit fait des propres de ladite Boysard, et que ledit Siret n’avoit à présent ladite ratification en main, mais disoit que ledit Mabit n’en avoit besoing pour l’assurance de son contrat pour ce que lesdites choses vendues audit Mabit estoient du propre patrimoine dudit Siret et qu’il n’y peult estre troublé par aulcune personne et pour davantage l’assurer offroit luy en bailler caution solidaire et ce faisant que ledit Mabit en payast le reste du prix,

ce que ledit Mabit avoir bien voulu ; pour ce est il que par devant nous Guillaume Guillot et ? notaires royaulx Angers fut présent en personne soubzmis Gabriel Roger marchand drapier drapant en ceste ville paroisse de la Trinité tant en son privé nom que comme procureur dudit Siret par procuration spéciale quant à ce passée par Poulain notaire de cette cour le 30 juin dernier, la minute de laquelle est demeurée attéchée à ces présentes pour le soustien d’icelle, et en chacun desdits noms seul et pour le tout renonçant au bénéfice de division etc d’une part,

et ledit Mabit demeurant audit Angers paroisse st Maurice d’autre part, lesquels ont sur ce que dessus accordé comme s’ensuit, c’est à savoir que ledit Mabit a payé et baillé en présence et au vue de nous audit Roger esdits noms qui a receu la somme de 157 livres 10 soulz en monnoie courante au poids et prix de l’ordonnance, au moyen de ce que ledit Mabit a satisfait la somme portée par ledit contrat par le bled qu’il luy a depuis fourni, de sorte que ledit Roger esdits noms s’en est tenu content et bien payé et en a quité et quite ledit Mabit, et au moyen de ce ledit Rogier a pleni et plene estre le propre dudit Ciret.

Source :Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E5

Le Clergé

Le clergé ne représentait en France qu'un peu plus de 115 000 personnes sur 26 millions de Français dont, pour le haut clergé, 6 000 archevêques, évêques, chanoines, abbés et abbesses; il y avait souvent cumul des charges.

Le bas clergé comptait environ 57 000 religieux dont 20 000 hommes: Bénédictins, Dominicains, Franciscains, Carmes, Chartreux, et 37 000 femmes, plus 50 000 curés et vicaires et 2000 membres de congrégations séculières : Frères des écoles chrétiennes, Lazaristes, Sulpiciens, Oratoriens n'ayant pas prononcé de vœux solennels. Nombre de cures et d'abbayes étaient en commende, c'est-à-dire attribuées par le roi comme une pension à des nobles qu'ils fussent ou non d'Eglise, L'abbé commendataire recevait le tiers des revenus de l'abbaye dont il confiait l'administration à un prieur.

Les curés gros décimateurs touchaient la plus grosse partie de la dîme et se faisaient remplacer par un desservant à qui ils laissaient le reste. En vertu du concordat de 1516, le haut clergé était nommé par le roi et recevait du pape l'investiture canonique. Les curés étaient le plus souvent choisis non par l'évêque mais par le propriétaire du fief dont le seigneur avait fondé l'église: Le clergé possédait environ 1/10ème du sol, A Bouchemaine, par exemple, le chapitre Saint-Laud avait "droit de litre intérieure et extérieure, de pièces nominales avec encensement et baiser de paix".

Il représentait la cure et était seigneur châtelain de la paroisse. La litre était une large bande d'étoffe noire qu'on tendait tout autour dans l'église aux obsèques d'un grand personnage ; sur cette bande étaient peintes ou suspendues ses armoiries et celles de sa famille.

Source :Histoire des Coteaux de Loire et de Maine

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